L'atmosphère qui prévaut au niveau de l'Entreprise nationale du plastique et caoutchouc (ENPC), dont le siège social est implanté à Sétif, est le moins qu'on puisse dire délétère. Les incompatibilités d'humeur, les conflits et les diverses difficultés qui mettent en péril des centaines d'emplois de nombreuses filiales situées à travers les quatre coins du pays en sont la cause. Pis encore, le groupe spécialisé dans le plastique est depuis un certain temps ébranlé par des informations remettant en cause la gestion de la direction générale du groupe et de certaines filiales, Sofiplast entre autres. Cette dernière est éclaboussée par une histoire d'inventaire. M. Habbache, cadre (contrôleur de gestion) désigné à la tête de la commission d'exécution des inventaires de la filiale précitée, au titre de l'exercice écoulé, muté le 6 janvier 2004 pour « raison de service » d'autant qu'il n'avait ni achevé le travail susindiqué ni signé les états, monte au créneau : « Le 3 janvier 2004, je me rapproche du directeur de l'administration et des finances (DAF) de la filiale, en vue de procéder au traitement des écarts valorisés des états d'inventaire, ultime phase de l'opération. Mon interlocuteur me demanda de procéder à des "copier coller" afin de faire ressortir des états "propres", sous prétexte que la limite du temps ne permet pas de faire un travail sérieux. J'ai catégoriquement refusé le cadrage des résultats. Ce refus m'a valu, trois jours plus tard, deux mutations portant le sceau du PDG du groupe. La première de Sofiplast vers Gester. La seconde de Gester à Trecyplast (Rouiba), et ce, en un laps de temps très court. La décision du premier responsable de l'entreprise viole les dispositions de l'article 58 de la loi 88-01 du 12 janvier 1998, portant loi d'orientation sur les EPE stipulant que nul ne peut s'immiscer dans l'administration et la gestion des EPE en dehors des organes régulièrement constitués et agissant dans le cadre de leurs attributions respectives, et que toute infraction à cette disposition constitue une gestion de fait et entraîne l'application des règles de responsabilité civile et pénale prévues en la matière ». SANCTION « DÉGUISÉE » Le cadre, qui a saisi, en vain, et la Société de gestion des participations (SGP) et la Présidence de la République, va plus loin : « A mon grand étonnement, le commissaire aux comptes de la filiale ne m'a pas sollicité en ma qualité de président de ladite commission pour lui certifier ou non la régularité de l'opération. D 'autant que c'est l'inventaire qui conditionne les résultats des bilans. Les dispositions de l'article 811 du décret législatif n° 93-08 du 25 avril 1993 régissant les inventaires qui sanctionne toute infraction n'a pas été respecté. » Pour notre interlocuteur, à savoir M. Habbache, qui a été dit-il, licencié abusivement de janvier 2001 à novembre 2002 puis réintégré par voie de justice, cette sanction « déguisée » en mutation prise par le numéro un du groupe constitue une entrave à la bonne exécution de la mission. Elle ne revêtait aucun cachet urgent, elle est intervenue dit-il afin de me persécuter pour n'avoir pas cautionné des pratiques frauduleuses. Le son de cloche de la direction générale, qui nous a transmis un volumineux document contenant des extraits de rapports du commissaire aux comptes, des fiches de service, un bulletin de paie, diverses décisions et un échantillon d'écrits de l'année 1983 reflétant les traits de caractère du plaignant, est tout autre. Cette dernière par le biais du président-directeur général considère que l'opération d'inventaire a été réalisée selon les procédures en vigueur. L'appréciation sur le déroulement et le traitement des données chiffrées relève du ressort exclusif du commissaire aux comptes de l'entreprise Sofiplast, souligne M. Samaï qui mentionne, par ailleurs, que M. Habbache n'a pas daigné assister les équipes d'intervention, ni même établir un rapport pour justement signaler des faits ou anomalie à compromettre le déroulement et la constitution de l'opération. Il laisse dit-il insinuer à travers ses déclarations que des anomalies volontaires auraient présidé au déroulement des travaux d'inventaires. Pour M. Samaï, le groupe déplore tout de même que celles-ci n'aient fait jusque-là l'objet d'aucune observation du plaignant. Il appartient, enchaîne le rédacteur de « l'éclaircissement », donc à ce dernier, d'apporter les éléments nécessaires tout en assumant pleinement sa responsabilité. Quant à l'acte de mutation, l'affaire suit son cours normal auprès du tribunal de Sétif, précise le gestionnaire principal de l 'ENPC, groupe qui se débat dans d'inextricables problèmes. Affaire à suivre.