Prise par le gouvernement samedi dernier, la décision de suspendre l'importation des viandes ovines afin de préserver le cheptel national n'a pas tardé à susciter la réaction des organisations professionnelles intervenant dans le secteur agricole. La Chambre nationale de l'agriculture (CNA), par la voix de son président, Mohamed Ould Hocine, tire, dans une déclaration à l'APS, des motifs de satisfaction en proposant d'autres mesures. Affirmant que la filière est prise en tenailles de multiples problèmes, M. Ould Hocine trouve cette décision « salutaire » qui nécessite un traitement « profond et global ». Nonobstant les efforts fournis en matière d'alimentation de bétail, notamment la plantation pastorale, la clôture des pâturages et la distribution de l'orge aux éleveurs, il trouve ces actions insuffisantes pour prendre en charge des besoins alimentaires du cheptel ovin estimé à 20 millions de têtes. Il en veut pour preuve que seulement 14 millions de têtes bénéficient des potentialités fourragères. La sécheresse et la faible pluviométrie dans certaines régions du pays depuis peu sont autant de paramètres apportant un sérieux coup à la diminution des disponibilités fourragères et provocant la hausse des prix des aliments pour le bétail. Exemples : coûtant 15 000 DA au début de l'année, un mouton est cédé actuellement à 8000 DA dans la région des Hauts-Plateaux. Le son, l'orge, le foin et la paille ont atteint respectivement des pics de 3000 DA/q, 3500 DA/q et 250 DA la botte. Afin de remédier à cette situation, le président du CNA pose d'autres alternatives à travers des mesures d'urgence. Il s'agit, selon lui, de procéder à une opération portant l'abattage immédiat de 2 à 3 millions de têtes, soit l'équivalent de 40 000 tonnes de viande. Celle-ci aura, toujours d'après lui, l'effet espéré d'encourager et les importateurs de viande et les commerçants de s'approvisionner en viande locale. Chiffres à l'appui, M. Ould Hocine soutient que l'Algérie a procédé à l'importation de 60 000 t de viande rouge dont près de 8000 t de viande ovine en 2007 pour un montant de l'ordre de 140 millions de dollars. Autre solution d'urgence proposée : soutenir les prix de l'aliment de bétail qui ont augmenté dans le sillage de la flambée des prix mondiaux des produits alimentaires. Ainsi, il propose dans ce cadre le recours aux « aliments concentrés » destinés au bétail, une révision du système de reproduction du cheptel et le renforcement et la modernisation du parc des abattoirs.