Pour les importateurs, la mesure décidée par le gouvernement est insensée et n'est d'aucune influence sur le marché. Les éleveurs, quant à eux, réclament la confection d'une loi devant protéger l'éleveur et les parcours. Interdire l'importation de la viande ovine est une mesure insensée, s'accordent à dire les différents intervenants sur le marché local, contactés hier par nos soins. « Il y a déjà une sérieuse problématique à prendre en charge, celle liée au cheptel existant et qui est en déperdition », mettra en garde Abderrahmane Barèche, président de l'Association nationale des importateurs et distributeurs de viandes et poissons. Pour lui, la mesure de suspension de l'importation des viandes ovines décidée samedi par le gouvernement est insensée et n'est d'aucune influence sur le marché. L'urgence pour notre interlocuteur est de trouver des solutions opportunes pour préserver le cheptel et sauver la filière d'élevage, confrontée, d'après lui, à de multiples difficultés. M. Barèche a laissé entendre que son association ne devra pas, néanmoins, croiser les bras, mais appeler à intervenir pour tirer les choses au clair par rapport à cette décision. En un mot, le président de l'Association nationale des importateurs et distributeurs de viandes et poissons réclame d'autres mesures supplémentaires capables de protéger la production nationale. Mohamed Latrache, président de l'association des éleveurs de la wilaya de Djelfa, ira, quant à lui, au fond des choses pour suggérer la confection d'une loi devant protéger l'éleveur et les terrains de pâturage. Notre interlocuteur, joint par téléphone, pose une autre problématique qui fait encore défaut et qui concerne le recensement du cheptel. Se référant à la dernière statistique de la Chambre nationale de l'agriculture, le cheptel ovin avoisine les 20 millions de têtes. A entendre le représentant des éleveurs de Djelfa, la décision du gouvernement devra accoucher d'autres mesures allant dans le sens de renforcer la plantation pastorale et réguler la distribution de l'aliment de bétail. Le président de l'association des éleveurs de la wilaya de Djelfa ira jusqu'à demander à l'Etat de soutenir le prix de l'aliment de bétail qui, selon lui, a atteint des proportions très élevées. Outre la décision de suspendre l'importation de la viande ovine, le gouvernement a décidé, rappelons-le, d'augmenter les quantités d'orge et de les mettre sur le marché pour rendre cet aliment du bétail accessible aux éleveurs le plus rapidement possible. Il a, en outre, décidé « d'ouvrir les terres de parcours et de les organiser en vue d'une utilisation rationnelle ». « Plusieurs éleveurs ont été contraints ces dernières années à sacrifier leurs troupeaux du fait de la sécheresse qui sévissait depuis des mois dans certaines régions steppiques du pays », regrette Mohamed Latrache. Cela, a-t-il renchéri, était une suite logique de la dénudation des parcours et la diminution des capacités fourragères. D'où la proposition d'une loi pour protéger l'éleveur et les parcours. Autrement dit, « un traitement global » de la filière qui « vivait ses pires années ». En un mot, éleveurs, importateurs et distributeurs réclament une solution d'urgence pour tirer toute la filière du marasme dans lequel elle s'est embourbée.