« C'étaient de véritables tombeaux où les mineurs travaillaient couchés », affirme-t-on. L'Association d'anciens mineurs de Béchar Djédid a tenu à marquer la semaine passée, en présence d'une délégation de l'APW, le 40e anniversaire des nationalisations des mines par une manifestation de sensibilisation des pouvoirs publics autour d'une plateforme revendicative. Rompant avec les revendications classiques à caractère salarial, l'association a mis au peloton de ses doléances le devenir des terrils de charbon qui enlaidissent le paysage environnemental, la défense et la protection des vestiges des installations dégradées qui fournissaient, à l'époque coloniale et durant plus de quatre décennies, de l'électricité dans la région « avant la ville de Sidi Bel Abbès », s'empresse d'affirmer le président de l'Association. Les mines de charbon de Béchar Djédid et de Kénadsa, mises en exploitation de 1917 à 1975, ont employé, selon les statistiques, quelque 30 000 ouvriers dans la région du sud-ouest, à raison de dix heures de travail par jour dans des tailles d'exploitation, dont la profondeur pouvait atteindre jusqu'à 500 m. « C'étaient de véritables tombeaux où les mineurs travaillaient couchés », affirme-t-on. Ce sont précisément ces conditions d'exploitation à outrance de l'époque, ayant conduit, selon un écrit laissé par le défunt syndicaliste Benziadi, à la prise de conscience au militantisme syndicaliste ouvrier d'ailleurs réprimé. Mais au cours de la rencontre d'hier, les conditions sociales de quelques anciens ouvriers encore en vie et leurs ayants droit n'ont pas été pour autant occultées. Majdoubi Hocine et Ouazri Miloud, âgés de plus de quatre-vingt ans, deux survivants silicosés, qui totalisent trente-huit années de travail de fond pour le premier et trente-sept ans pour le second, ont fait part humblement et sans récrimination de la précarité de leur situation sociale actuelle au plus bas de l'échelle avec des pensions mensuelles dérisoires ne dépassant pas les 11 000 DA. Ces quelques survivants des mines ne méritent-ils pas une attention particulière par une revalorisation conséquente de leur statut ?