Oui, Alaa El Aswany, pourquoi faire ? Il faut se poser cette question sur cet auteur égyptien, dentiste et nouveau romancier, et sur le premier roman duquel beaucoup d'encre a coulé. On a en effet beaucoup parlé de L' Immeuble Yacoubian et sur le film qui a suivi sur lequel la critique cinématographique a cru mettre le paquet, lui consacrant une abondante littérature où la complaisance mettait à mal la rigueur. Au départ, Alaa El Aswany n'avait aucune ambition littéraire. Après son coup d'essai, il possède aujourd'hui un surmoi phénoménal... Il se veut à la fois le pourfendeur de la « dictature » égyptienne (une haine féroce pour Nasser), de la vie traditionnelle et de la morale. L'Immeuble Yacoubian a suscité une fortune critique incroyable. Chicago sûrement aussi. Et pourtant son nouveau roman ne mérite aucun intérêt. Le plus souvent, son récit est étouffant, banal. Tout a été déjà dit sur les histoires d'émigrés qui réussissent loin de leur pays et qui en gardent un souvenir repoussant... Dans Chicago, l'auteur conteste tout, balaye tout, tire sur tout ce qui est égyptien. Il épargne ses compatriotes coptes, victimes il est vrai du monstre effrayant du radicalisme à la Gamaà Islamiya. Mais tout le reste est pourri... Cela étant, on ne trouve ni attachants, ni courageux les personnages de Chicago et leurs portraits successifs se perdent dans le brouillard du lac Michigan. Grâce aux bons soins de l'ambassade américaine au Caire, ils sont à Chicago, dans les hautes sphères médicales. Ils sont calés sur tout, mais finalement pas heureux du tout. On dirait les Algériens du Québec ! Certains préparent des mini-complots contre leur Président ! Leurs filles meurent d'overdose. Une islamiste tombe enceinte hors-mariage et se fait avorter, etc. La vie d'émigré à un niveau terre à terre. Beaucoup de pages dans Chicago, sur le sexe notamment, sont indigestes, ridicules, folkloristes. Quelle misère ! Ces Egyptiens sont très malheureux aussi parce que leur ambassade applique un système de surveillance policière sur eux, aussi indiscret que possible... Chicago. Alaa el Aswany, Ed. Actes Sud. 2007, 460 pages.