La détermination du gouvernement à l'égard de l'aboutissement du processus de privatisation des entreprises publiques a été réitérée, encore une fois, par le chef de l'Exécutif, Ahmed Ouyahia, dans son discours prononcé hier à l'ouverture de la 25e session du Conseil national économique et social (Cnes). « Allons-nous attendre à ce que les entreprises restent éternellement publiques et laisser partir d'importantes parts de marché ? », s'est interrogé le chef du gouvernement. En réalité, dit-il, en réponse aux détracteurs de la privatisation, « l'économie nationale s'est déjà privatisée ». Le secteur de l'agroalimentaire en est, selon Ouyahia, un exemple édifiant en ce sens que les entreprises publiques activant dans ce secteur ne détiennent que 30% du marché contre 70% au privé. Le bilan du gouvernement au chapitre des privatisations sera connu, a-t-il annoncé, dès la fin de l'année. Il indiquera à ce sujet que l'Etat a déjà procédé à la privatisation de 100 entreprises publiques et 50 entrées en partenariat. Face à la détermination affichée par le gouvernement en matière de privatisation, le partenaire social incarné officiellement par la centrale syndicale ne semble pas s'y être opposé dans le cas où un certain nombre d'exigences serait respecté. Des exigences que Salah Djenouhat, secrétaire national à l'UGTA chargé de l'organique, situe au niveau « de la préservation de l'emploi, la préservation de l'activité de l'entreprise et les droits acquis des travailleurs ainsi que l'investissement dans l'entreprise acquise ». Si ces conditions-là sont respectées, dit-il, « personne ne peut fermer les yeux sur la réalité économique mondiale d'aujourd'hui ». Aussi, l'accent a été mis, souligne le syndicaliste, à ce que la priorité soit donnée aux salariés dans la reprise des entreprises publiques. Les reproches formulés à l'égard du secteur public n'ont pas été du goût de certains intervenants dans les débats ayant poursuivi la lecture des rapports des commissions du CNES. C'est le cas de M. Azzi, secrétaire national de la fédération des retraités à l'UGTA, pour qui la situation déficitaire que connaît actuellement le secteur public incombe entièrement à l'Etat. Pour mieux illustrer ses propos, le syndicaliste prend comme exemple la filière publique du lait. Le déficit de 30 milliards de dinars accusé par cette filière est dû, selon lui, à la politique de l'Etat qui fixe le prix du lait, mais qui ne couvre pas l'écart des prix aux entreprises (entre le prix réel du marché et celui administré). Le processus de privatisation risque même de ne pas porter ses fruits, avertit-il, du fait qu'il n'y a pas « une culture industrielle privée en Algérie. Et si on va vers un démantèlement du secteur public, c'est plutôt les multinationales qui vont le remplacer et non pas le privé national. »