A l'instar des deux autres imprimeries d'Etat, cet imprimeur se prépare à se mettre au vent du partenariat pour attirer les capitaux. L'heure est donc à la recherche de bailleurs de fonds. Une formule visiblement « plus que privilégiée. » Même si le ton de la prudence l'emporte, genre « l'Etat décidera », Adda Bendia, PDG de cette imprimerie d'Etat confirme néanmoins cette option « incontournable. » « Nous n'avons aucune information officielle ni aucune directive dans ce sens, mais nous pouvons dire que nous sommes à la recherche d'un partenariat. » M.Adda annonce ainsi la couleur : au-delà du fameux « plan de modernisation », l'imprimerie prévoit ainsi sans tabou l'ouverture du capital. Un jargon déjà bien rodé au sein des cadres de l'entreprise. Géré par la Société de gestion des participations (SGP), elle-même chapeautée par le Conseil des participations de l'Etat (CPE), cet imprimeur est déjà à hauteur de 500 millions de dinars de dettes cumulées depuis une décennie. Un chiffre considéré comme « acceptable et loin d'être non hors norme ». « Nous sommes cools », vis-à-vis des journaux endettés, considère M. Adda. Une demi-douzaine de journaux locaux a été tout de même contrainte, cette année, de mettre la clef sous le paillasson, après des difficultés financières. « En gros, la situation de l'entreprise est bonne. Après des débuts difficiles, le tableau de bord a affiché des bénéfices depuis 1997. Notre tirage augmente d'année en année. En 2003, nous avons imprimé 94 millions d'exemplaires. Cette année, nous prévoyons d'atteindre les 95 millions », révèle le premier responsable de la SIO. « Nous imprimons 26 titres, mais nos moyens actuels ne nous permettent pas d'imprimer d'autres journaux. Nous sommes saturés. Avec la mise en service de la nouvelle rotative, prévue dans le courant du deuxième semestre 2005, nous comptons élargir notre champ à une dizaine d'autres titres. » Une dizaine de nouveaux journaux Ce sont déjà six nouveaux titres locaux et quatre autres nationaux qui ont déposé leur dossier pour leur impression. Par ailleurs, si cette option résolument « incontournable » d'ouverture de capital semble dictée par un double impératif « politique et économique - allusion faite à l'ouverture politique, à l'adhésion à l'OMC et à l'accord avec l'UE -, « ce n'est pas cette ouverture du capital qui nous inquiète », commente-t-on du côté des syndicats, même si on avoue que le gros des 130 travailleurs que compte cette entreprise semble inquiet. Scepticisme quelque peu désamorcé par des chuchotements rassurants « que cette ouverture du capital de la SIO n'ira pas au-delà des 49%. Même si elle ne doit pas faire trop baisser le contrôle qu'avait l'entité étatique, l'Etat restera donc majoritaire. » Le plan est d'envergure. Tous les secteurs seront touchés : impression, flashage, magazines, couleur, livres. M. Adda est sans détour : « La consolidation implique que la société crée un complexe graphique. Des investissements importants ont été réalisés. En 2004, ce sont 20 millions de dinars consentis pour la mise en place d'équipements modernes de flashage. Nous comptons passer de 12 journaux flashés à une vingtaine en 2005. Année durant laquelle est prévue l'acquisition d'une rotative ultramoderne, de dernière génération. Une nouvelle rotative est acquise. Un produit américain acheté en France, pour la somme de 55 milliards de centimes. La maturité du projet a atteint 95 %. Il reste juste le financement. Elle sera opérationnelle durant l'été prochain », promet M. Adda. La stratégie de croissance de l'entreprise a ainsi donné lieu à un plan baptisé « Business-plan » projeté jusqu'à l'horizon 2008. « Nous avons un plan de croissance ambitieux pour les années à venir, car le potentiel de notre marché nous y autorise. Nous préparons les leviers de notre croissance future et nous cherchons à enrichir nos compétences au plus haut niveau de la stratégie financière : l'opportunité de nous associer avec des partenaires a été saisie dans cette perspective », déclare M. Adda. Et ce Pdg de conclure : « On ne pourra pas faire autrement que de se préparer à l'avenir, à la concurrence. »