Le chercheur et président de l'association des Amis du palais du Bey, Nouar Sahli, et lors d'une émission radio, a rappelé, comme il se doit, quelques-uns parmi les crimes contre l'Histoire commis durant l'Histoire récente de Constantine et les périls qui guettent encore notre patrimoine archéologique. Voila quelqu'un qui se met en jeu et joue son rôle de fouetteur des consciences, nous interpellant sur notre passé, mais aussi sur notre présent avant qu'on ne soit jugé, car n'est ce pas « L'Histoire du monde est le tribunal du monde », comme l'écrivait Hegel. L'OPGI, qui construit des cubes dans la ville nouvelle, continue l'entreprise de démolition sur les sites archéologiques de la vieille cité, foulant des pieds les lois de la République. L'invité de la radio a évoqué, en effet, Djenane Ezzitoune où le promoteur étatique a construit des villas sur un site archéologique, pourtant connu depuis longtemps. Le chantier a démarré en 1997, et à cette époque, l'on se souvient que les temps étaient à la prédation menée par la mafia locale du foncier. Et comme les poches étaient rares, les prédateurs servis par les institutions de l'Etat étaient prêts à tout, y compris à construire sur les tombes des morts. C'est ainsi qu'est né le projet des villas et des locaux commerciaux de Djenane Ezzitoune. Des associations locales s'étaient opposées au projet, mais leur élan a fait long feu devant les menaces très sérieuses émanant de hauts responsables, à une époque où le républicain Ali Bensaâd était condamné à mort pour appartenance à un groupe terroriste ! Non seulement l'OPGI venait de signer l'acte de décès d'un vestige archéologique inestimable, mais elle a aussi privé la population du quartier d'une poche de détente qui rendait le cadre de vie un peu plus clément dans cette zone des plus marginalisées. Et comme si le crime ne suffisait pas, le promoteur a inscrit son chantier dans la durée, et 10 ans après, le projet est toujours inachevé et les travaux se poursuivent au gré des changements de direction, et malgré les innombrables désagréments causés à l'environnement immédiat du chantier. Dans l'impunité totale, la direction actuelle de l'office poursuit cette entreprise préjudiciable, y compris pour ses caisses, et confirme sa position d'ennemi du patrimoine.