Quand il quitta, en 1997, son douar pour fuir les affres du terrorisme et pour préserver la vie de ses 5 filles, Zaoui Kouider était loin de se douter que le drame l'attendait en ce funeste taudis qu'il a acquis contre 4 millions de cts et qu'une étrange maladie allait décimer sa famille. Vivant dans des conditions inhumaines et côtoyant les égouts dans l'un des nombreux bidonvilles de Boukhors, quartier périphérique de la ville, la famille Zaoui va vivre l'enfer. En 2006, elle venait de perdre sa fille Aicha, ravie à ses siens alors qu'elle n'avait que 26 ans. Une année après, la mort était au rendez-vous pour emporter sa seconde fille qui venait juste d'avoir 30 ans. Le 1er mai 2008, une autre jeune fille, Fatima, décède à 35 ans. Quelques jours plus tard, soit le 29 mai, c'est Meriem, celle qui nourrissait sa famille, qui succomba après son admission à l'hôpital Ahmed Medeghri de Saïda. Le père, un septuagénaire diabétique et en chômage, témoigne : « Tous mes malheurs sont venus de cette caverne macabre ; le spécialiste en pneumo-phtisiologie nous l'a d'ailleurs confirmés et nous a vivement recommandés de déménager, mais mes conditions financières ne me le permettent pas. Devant ma misère et ma vulnérabilité, la mort, avec une facilité déconcertante, a terrassé mes 4 filles. » A l'hôpital Ahmed Medeghri où nous sommes allés voir Meriem, qui était déjà sortie pour décéder quelques jours après, la femme médecin nous a confié : « c'est la tuberculose et les conditions déplorables dans lesquelles vit cette famille. Là où elle vit est un terrain propice pour la prolifération de la maladie. La médecine ne peut rien faire, seule une réelle prise en charge peut sauver ces personnes. » Questionné à propos d'une éventuelle prise en charge, le père, visiblement abattu et résigné, calmement, nous dira : « personne ne s'est inquiété de notre sort. J'ai demandé une tente et rien n'a été fait. Je n'ai pas mérité un logement que j'attends pourtant depuis 13 ans à Boukhors. » A propos de ses rentrées d'argent, il nous avouera qu'il ne perçoit que 3 000 DA mensuellement. « Maintenant, il ne me reste qu'une seule fille. »