Le président palestinien, Mahmoud abbas, a choisi l'occasion de la Neqba – la guerre des Six jours de 1967, déclenchée le 5 juin, qui a permis à Israël d'occuper, ce qui restait de la Palestine historique, la Cisjordanie, y compris la partie est de la ville sainte d'El Qods, la bande de Ghaza ainsi que des terres arabes tels le Sinaï égyptien et le Golan syrien – pour lancer une initiative de réunification des rangs palestiniens. En effet, mercredi dernier, en début de soirée, dans un discours télévisé-surprise depuis Ramallah, puisqu'il n'a été annoncé que quelques minutes auparavant, le président Abbas s'est dit prêt à faire tous les efforts nécessaires pour un retour à la normale des relations inter-palestiniennes, presque une année après le coup de force du mouvement islamiste Hamas dans la bande de Ghaza. « J'appelle à un dialogue national, global sur la base de l'initiative yéménite », a déclaré le président palestinien, faisant allusion a un accord conclu au mois de mars dernier au Yémen, sous les auspices du président yéménite, malheureusement resté lettre morte, à la suite de divergences entre le Hamas et le Fatah sur l'interprétation du texte. Abbas, qui, depuis le putsch armé du Hamas, exigeait un retour à la situation qui prévalait avant le 13 juin 2007, date du coup de force hamsaoui, n'y a pas fait allusion dans son dernier discours. Il a, par ailleurs, évité d'utiliser le terme coup d'Etat de Hamas, comme il le faisait auparavant, ne parlant que de divergences et de division interpalestiniennes. Dans son court discours, le président Abbas a déclaré faire cette proposition « par souci d'unité et à la suite de plusieurs appels en provenance de pays arabes et amis pour mettre fin aux divisions et pour un retour à une situation qui prévalait à Ghaza ». Il a a aussi affirmé qu'à l'issue du dialogue national, il entendait organiser des élections présidentielle et législative, des scrutins prévus par l'initiative yéménite. Le président palestinien a également appelé « la communauté internationale à intervenir pour obtenir la levée du blocus imposé à notre peuple à Ghaza. Ce blocus constitue un crime de guerre contre le peuple palestinien ». Depuis le 13 juin 2007, Israël, qui a déclaré la bande de Ghaza entité hostile, impose à ce territoire, dont la population est de 1,5 million, un blocus total, le privant de tout, exacerbant les difficultés de la vie quotidienne. En réaction à ce discours, l'un des responsables et à travers un « dur », le Hamas faisait savoir qu'il a accepté l'offre. Dans la soirée de jeudi dernier, c'est Ismail Haniyeh, Premier ministre du gouvernement d'union, démis par Abbas à la suite du coup de force qui a confirmé l'acceptation de l'initiative présidentielle par le Hamas. « Nous appelons au lancement immédiat d'un dialogue national sur la base de l'initiative yéménite, avec pour objectif un retour à la situation qui prévalait dans la bande de Ghaza », avant la prise du pouvoir du Hamas en juin 2007, a ajouté Haniyeh. Il a aussi assuré que son mouvement était prêt à faire preuve de la « flexibilité » nécessaire pour assurer la réussite du dialogue et appelé le Fatah à faire de même. « Nous appelons la Ligue arabe à parrainer le dialogue et la réconciliation, comme cela a été le cas avec nos frères libanais », a-t-il encore dit, affirmant que les discussions devaient se tenir sur le principe qu'il n'y ait « ni vainqueur, ni vaincu ». il faut dire que l'initiative du président Abbas est survenue à un moment où les négociations qu'il mène avec Israël ne semblent mener à nulle part et surtout pas à un Etat palestinien indépendant avant la fin de l'année 2008, comme prévu lors de la conférence d'Annapolis, parrainée par les Etats-Unis. D'un autre côté, le Hamas, qui ne cesse de perdre de sa popularité, éprouve beaucoup de difficultés à affronter seul les retombées désastreuses de l'embargo qui lui est imposé ainsi qu'à la population ghazaouie. Israël, seul bénéficiaire de la division dans les rangs palestiniens, fera tout pour maintenir l'état actuel des choses qui a tellement affecté la cause nationale palestinienne, transformée en cause humanitaire après avoir toujours été une question de libération.