Le regard timide mais toujours résolu, Achour Cheurfi est de ces gens qui ne laissent guère indifférent. Reconnaissant le mérite du chercheur, l'association El Djahidhiya a rendu hommage, jeudi dernier, à celui qui s'est fait fort de compiler tout ce que compte de mieux l'Algérie. Le résultat : plusieurs dictionnaires biographiques et des encyclopédies inventoriant des noms et des lieux d'un pays « que l'on croyait incapable de produire du beau ». Exerçant toujours son métier au quotidien El Moudjahid, Cheurfi ne néglige pas la fiction à ses débuts, puisqu'il fera des recueils de poésies, mais aussi de nouvelles, sortis au début des années 1980 chez la défunte ENAL. Cornaline et Chahla‚ et Danse infidèle confirment à cet effet le talent de l'auteur originaire de Mila. Mais ce qui le fait connaître du grand public, mais aussi de celui des spécialistes, ce sont les dictionnaires et autres encyclopédies produites dix ans plus tard. Tous semblent s'y reconnaître du simple étudiant à l'érudit, qui remarqueront la rareté des ouvrages sur les auteurs algériens tous domaines confondus. « Il y en a, sauf qu'un travail d'érudition est nécessaire pour pouvoir les consulter », relève-t-on. Des projets, Achour Cheurfi en a à coup sûr. S'intéressant à tous les domaines ou presque, l'auteur ne peut que « revenir » à sa profession, le journalisme qu'il exerce toujours à El Moudjahid, journal auquel il est resté fidèle. Un essai, actuellement sur le métier traitera de la profession qui lui a fait « connaître beaucoup de ceux à qui il a consacré des récits bibliographiques », assure-t-il. Qu'en est-t-il de la chronologie adoptée ? Aucune période n'est privilégiée par l'auteur qui compte brasser large. Un autre projet traitera du cinéma algérien depuis ses premiers balbutiements mais aussi de films faits par des cinéastes étrangers sur l'Algérie. Des soucis, l'auteur en a eu aussi. Le travail de l'encyclopédiste qu'il s'efforce d'être, héritier des copistes arabes du Moyen-Age, est toujours ardu. « Pour un auteur français, toute une série d'encyclopédies s'offre à lui. Ce n'est guère le cas pour nous. Nos collègues des autres pays arabes, où le travail fait est appréciable, connaissent les mêmes contraintes et le travail reste au final lacunaire », assure-t-il. Pointe d'agacement, néanmoins, chez certains dans les locaux de l'association de Tahar Outar, rue Réda Houhou. Il est presque reproché à l'auteur d'écrire en français. L'occasion est d'ailleurs pour un participant de rappeler que Cheurfi, au contraire du gros des écrivains de langue française, s'est appuyé sur une bibliographie en arabe. Langue dont il a une réelle maîtrise par ailleurs.