Né en 1958, à Sig près d'Oran, Rachid Taha est le fils d'émigrés installés en France. Il entre dans la vie active en tant qu'ouvrier dans une usine de chauffage du côté de Lyon. Puis il fait du porte-à-porte en vendant des encyclopédies médicales, le tout après avoir quitté la maison familiale à 18 ans. En 1982, il fait le DJ dans une boîte de Lyon, un night-club qui accepte tous ceux qu'on a refoulés ailleurs, notamment ceux qui n'ont pas le bon « faciès ». Peu de temps après, il rencontre Mohamed et Mokhtar avec qui il formera « Carte de séjour ». Pour ce groupe, le leitmotiv se résumait à : tolérance et intégration, deux mots reliés à celui d'immigrés. Un premier album intitulé Rhoromanie en 1984, puis, en 1986, Taha et son groupe défrayent la chronique avec la reprise punko-maghrébine de Douce France, une chanson de Charles Trenet qui fut distribuée aux députés de l'Assemblée nationale. Puis le groupe se sépare et Rachid Taha tente d'autres expériences, à la recherche de sa voie. Quant à sa voix, le moins qu'on puisse dire est qu'elle séduit par sa rudesse. Avec son visage typé et son attitude très rock, il choisit d'être plus rugueux en usant d'un verbe acéré qui lui va à merveille. S'agissant de sa musique, il continue à mêler et emmêler la techno au rock et au raï, avec des petites pointes de chaâbi et de punk selon les morceaux, les albums ou les humeurs. D'ailleurs, les albums se suivent sans se ressembler. Diwan (1998), le disque de son retour aux sources, est marqué à la fois par la colère et par la douce nostalgie des airs de son enfance. C'est une série de reprises de classiques de la chanson arabe. Cet album inspiré et sensible ramène Rachid sur le devant de la scène, après un léger passage à vide. L'année d'après, il cartonne sur le méga-concert « Un, deux, trois… soleil », aux côtés de Khaled et Faudel. Ensuite, Rachi Taha cède un peu à une certaine sagesse en enregistrant « Made in Medina » avec son complice Steve Hillage, dans lequel il reçut de nombreux invités (dont Femi Kuti et les Bn'et Marrakech) et qui lui valut l'attribution du meilleur album de World Music pour les Victoires de La Musique 2001. Par la suite, il enchaîne avec d'autres albums : Tékitoi, Diwan 2 et un Best off. Cette année, il interprète le rôle principal de Là où je pense, court-métrage réalisé à l'occasion de la collection Ecrire pour un chanteur, lancée par la chaîne française Canal +. Il collabore aussi avec Rodolphe Burger pour le titre Arabécédaire.