La facture alimentaire en Algérie risque de s'alourdir davantage. Estimée à près de 2,5 milliards de dollars de janvier à avril 2008, contre 1,53 milliard durant la même période de l'exercice précédent, elle est appelée à connaître un nouveau bond. Les prévisions de Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), sont très sombres. Elle risque d'atteindre 10 milliards USD en 2010. L'heure est à la réflexion sur la sécurité alimentaire. Dans ce cadre, le FCE et la Chambre nationale de l'agriculture (CNA) organisent, à partir d'aujourd'hui et pendant deux jours à Alger, une rencontre qui regroupera des opérateurs du secteur agricole et de l'agroalimentaire. Des ateliers seront mis en place autour desquels seront invités des responsables des institutions étatiques et non gouvernementales. Vulnérable, l'Algérie n'est pas en reste de la crise alimentaire affectant de nombreux pays dans le monde. Des facteurs aggravants concourent à cette fragilisation : la chute du dollar, la hausse des prix des produits alimentaires sur les marchés mondiaux, notamment les céréales, la poudre de lait, les huiles végétales et les viandes, et la baisse de la production nationale du blé annoncée en perspective par Saïd Barkat, ministre l'Agriculture. Intervenant hier sur la Chaîne IV de la Radio nationale, M. Hamiani ne croit pas que l'Algérie pourra réussir son autosuffisance alimentaire pour certaines raisons liées notamment à la gestion « peu efficace » du secteur agricole. L'encombrement de plaines fertiles par le « tout béton » et la déstructuration du marché de la distribution sont, entre autres, des épines de trop dans le pied des agriculteurs. Cela étant, il exhorte les pouvoirs publics à consentir davantage de soutiens « législatifs et financiers » pour aider à la mise à niveau des entreprises. Il est utile de souligner que les dépenses colossales de l'Algérie durant les quatre premiers mois de l'année portent sur deux produits essentiels : les céréales et la poudre de lait. La facture des céréales a grimpé de 537,85 millions à 969,53 millions de dollars. Les dépenses en lait et en produits laitiers ont doublé, passant de 227,23 millions de dollars à 483 millions. Les statistiques révèlent d'autres dépenses pour l'importation de légumes secs avec un montant de 112,3 millions de dollars (contre 80 millions), au moment où les dépenses en café et thé ont coûté la baagatelle de 82,99 millions de dollars (contre 79,53 millions). Les importations de viandes ont nécessité un montant de 44,95 millions de dollars (42,49 millions). En revanche, la facture des sucres et sucreries a diminué de 37,24 millions de dollars par rapport à la même période de 2007, passant à 142,89 millions de dollars. Avec ces chiffres qui grèvent le budget de l'Etat, l'Algérie se classe parmi les dix premiers grands importateurs de produits alimentaires dans le monde.