On se mire dans l'eau turquoise de Jijel, qui laisse transparaître son fond marin du haut de sa corniche. Turquoise, topaze ou encore verte, l'eau de la Méditerranée a une tout autre nuance du côté de la côte jijelienne, et le ministre des Ressources en eau, en visite hier dans la wilaya, ne tarira pas d'actions en faveur de sa protection. A cet effet, une station d'épuration des eaux usées vient de voir le jour à quelques kilomètres de la corniche, afin d'extraire de toute nuisance l'eau venant de la ville et débouchant en mer. Entreprise par Cosider et Wabag (Belgique), la station a été dimensionnée pour une population de 150 000 habitants, pour un volume d'eaux usées de 30 000 m3 par jour. Son procédé d'épuration par aération prolongée permet de récolter le sable cumulé dans les eaux rejetées, de les extraire des autres déchets et de les récupérer comme engrais. Cette station, qui doit profiter aux communes de Jijel, El Aouana et Kapous protège le littoral mais permet également de réutiliser ces eaux ainsi « nettoyées » aux fins d'approvisionner et l'agriculture et l'industrie locale. Mais là n'est pas la seule action entreprise par le secteur, puisqu'il est question de satisfaire les besoins en eau potable de la ville d'El Milia, par le transfert du barrage de Boussabia à El Milia et celui de Bou Haroun au sud. Le barrage de Boussabia, en cours de construction, est situé à 7 km d'El Milia et doit permettre de réserver quelque 120,43 millions de mètres cubes d'eau. Générateur de près de 500 emplois, le barrage devrait permettre d'en finir ave la situation de stress hydrique que connaît la région. Un stress que dément la forte pluviométrie que connaît la région et qui verdoie les paysages jusqu'à la digue du barrage de Beni Haroun. Le peuplier blanc borde sur des kilomètres les oueds environnants et le laurier rose étanche sa soif dans une eau dynamique et généreuse. La nature y est resplendissante. Une nature qui fut l'antre de l'AIS durant les années noires et que des feux de forêt ont quelque peu ravagé ces dernières années. Pourtant, les montagnes qui vont abriter le futur barrage de Tabellout, en voie de construction, promettent un apport quantitatif et qualitatif de l'oued, gonflé par une neige abondante. Actuellement des travaux de réalisation de transfert d'eau entre les retenues de Tabellout et de Draâ Diss sont en cours. Le barrage d'Erraguène, qui a une capacité de 75,4 millions de mètres cubes, partagera sa provision liquide avec le barrage de Tabellout prévu pour une capacité de 214 millions de mètres cubes. Et puis, la commune d' El Aouana doit bénéficier d'une station de pompage située à 9 km de Jijel. Cela permettra l'alimentation en eau potable de la commune avec la réalisation d'ouvrages pour les couloirs El Aouana et Jijel à partir du barrage Kissir. Aujourd'hui à Jijel, la distribution quotidienne est de 24 000 mètres cubes d'eau par jour, ce qui donne un approvisionnement de 12 à 14 heures. Les besoins sont de 30 000 mètres cubes d'eau par jour et l'objectif que s'est imparti le secteur est de répondre à la demande locale et d'avantager, par l'épuration des eaux usées, l'agriculture. Une agriculture qui n'est pas le parent pauvre, puisque 65% des capacités hydriques lui sont destinés précise, le ministre des Ressources en eau, M. Sellal, « car la bataille qui s'annonce en Algérie pour ces prochaines années est celle du développement agricole », a-t-il commenté.