L'anarchie est à son comble depuis quelques années dans une ville qui connaît une propagation hors normes des cafés populaires. Leur nombre est estimé à 173 dans la seule commune-mère, selon Saïd Soualah, chef de section des cafetiers de l'union générale des commerçants et des artisans de la wilaya de Constantine (UGCAA). Un chiffre qui concerne uniquement les commerçants affiliés à l'UGCAA, car le nombre réel est de loin plus important. « Il n'y a pas de respect des règles fixant le nombre des cafés populaires dans une avenue, alors que les critères de remise des agréments requis pour ce genre d'activité sont souvent non respectés par les services de la direction de la réglementation et des affaires générales (DRAG) », a déclaré le représentant des cafetiers de l'UGCAA. Pourtant la loi est claire et exige, pour chaque local destiné à servir de café maure, au moins une surface d'au moins 16 m2, avec 6 tables, une aération convenable, une porte de secours, un téléphone, des toilettes ainsi qu'un extincteur. « La majorité des cafés populaires ouverts depuis quelques années dans la ville ne répondent même pas aux normes, mais ils continuent toujours d'exercer », avance un cafetier, qui dénonce le phénomène de transformation en lieux publics des pièces des maisons ayant pignon sur rue, en totale violation de la loi et en l'absence du moindre contrôle des services concernés. Cette situation a eu une incidence directe sur la qualité des services, où peu de gérants de cafés populaires semblent se soucier de l'hygiène. L'alimentation irrégulière en eau potable est le problème qui revient le plus dans les discussions avec les gérants des cafés populairesde la ville, lesquels ne manqueront pas de soulever aussi la question de l'impôt forfaitaire qui leur est imposé, suivant une répartition par zones d'activités, avec une augmentation de 10% décidée tous les deux ans. « Ce forfait, qui varie entre 750 000 et 1 150 000 DA par an, demeure trop élevé, surtout que les cafés ne sont plus aussi rentables qu'avant, au vu des fluctuations des prix du café, qui a atteint 520 DAs le kg, parallèlement à une augmentation importante du prix du sucre cédé à 55 DA le kg », dira Saïd Soualah. Ce dernier ne manquera pas de rappeler que la multiplication des agressions sur les cafetiers, exerçant de nuit dans certaines artères du centre-ville, à quelques centaines de mètres des commissariats de police, ainsi que le déplacement des stations de bus et de taxis, et l'absence de lieux de stationnement, sont autant de facteurs qui pénalisent énormément cette activité .