La majorité des « flnistes » s'est réveillée hier avec la langue de bois. La pilule Ouyahia passe mal en effet. Notamment chez ceux qui ont fait en 2006 un boucan de tous les diables pour que la direction de l'Exécutif échoit à un candidat qui porte l'étiquette du FLN. L'objectif inavoué est que les « militants » de l'ex-parti unique majoritaire au Parlement tirent le maximum de dividendes politiques et, bien évidemment, matériels. La pression dirigée ouvertement par Belkhadem a fini par faire tomber Ouyahia qui, sans cesser d'affirmer sa loyauté au président de la République, ne voyait pas la nécessité de réviser la Constitution qui permettra au président Bouteflika de briguer un troisième mandat. Retournement spectaculaire, Ahmed Ouyahia revient par la grande porte pour prendre encore une fois (la troisième) la tête de l'Exécutif, avec cette affirmation que la révision de la loi fondamentale aura bien lieu et qu'il appartient au président de la République de la définir. Est-ce une concession que Ouyahia a accepté de faire afin de pouvoir savourer une délicieuse revanche contre ceux qui l'avaient humilié à deux reprises lors des deux précédentes élections législatives, reléguant le parti qu'il préside, le RND, aux dernières loges avant de provoquer son éviction de la présidence du gouvernement ? Et quelle revanche ! Sa nomination en tant que chef du gouvernement intervient la veille de la tenue du congrès du RND. Un rendez-vous qu'il va aborder aujourd'hui avec une nouvelle aura, laquelle aura pour effet de faire taire toute voix contestataire et élargir le cercle des courtisans. D'aucuns présagent déjà un destin national à Ahmed Ouyahia. Pourtant, cette inattendue réhabilitation, Ouyahia la doit à... Belkhadem qui n'a pas montré des capacités de meneur d'hommes et qui a donné la preuve de ses limites dans la gestion des dossiers économiques et financiers. L'on dit même que Bouteflika a été plusieurs fois exaspéré par l'inertie de Belkhadem dans le traitement de certains problèmes. Jusqu'à lui faire regretter le limogeage de Ouyahia. Le patron du RND ne demandait peut-être pas tant. Du moins, pas dans la forme que le président de la République a donné à sa nomination. Jamais dans les annales, on a assisté au départ d'un chef de gouvernement et son remplacement, avec en prime la liste du nouveau gouvernement préparée à l'avance. Le président Bouteflika a inauguré une façon bien particulière de changer l'Exécutif. Ce qui n'a pas manqué de faire grincer des dents à nombre d'analystes politiques et autres « puristes ». En effet, il n'a pas été permis à Belkhadem de démissionner de son poste, lui qui était la veille aux côtés de son homologue français, François Fillon, en train de signer une convention de coopération dans le nucléaire civil. Ouyahia n'a pas eu pour sa part le loisir d'intégrer dans le gouvernement certains de ses proches collaborateurs. Bouteflika a tout simplement imposé « sa » décision. Au FLN, elle est difficilement digérée.