Ne voulant perdre aucune voix lors des sénatoriales, le FLN a fini par perdre des élus. «Nous voulons que la sanction qui sera infligée à ces dissidents serve de leçon à des militants qui seraient tentés de faillir à la discipline du parti», a déclaré, hier, sèchement, le porte-parole du vieux parti, Saïd Bouhedja. C'est ainsi qu'ont été sommés, pour la dernière fois les 22 militants qui ont - osé - se présenter en dehors de l'accord du parti, aux élections du 28 décembre prochain pour le renouvellement partiel du Conseil de la nation. Le FLN veut agir vite. Le résultat ne s'est pas fait attendre:au moins trois élus ont décidé de revenir, depuis hier, sur leur décision de se présenter aux prochaines joutes électorales et éviter ainsi la lourdeur de la sanction décidée à cet effet, par l'instance exécutive. Les candidats de Tlemcen, Annaba, Souk Ahras et de Tébessa ont dû surseoir, hier, à leur candidature en dehors des listes du FLN, selon M.Bouhedja. Sur convocation du secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, l'instance exécutive du parti majoritaire a adopté, après sa réunion extraordinaire de dimanche dernier, une série de mesures à même se stopper «cette forme de rébellion douce au sein des rangs du parti.» L'objectif consiste d'abord à étouffer l'action dans l'oeuf en lui substituant notamment le côté spectaculaire de la sanction. Ainsi, dans un premier temps, l'instance exécutive a décidé de geler la qualité de membre et de militant du parti de ces élus locaux avant de les traduire devant la commission de discipline qui décidera définitivement de leur sort. «La commission se réunira prochainement et mettra les mécanismes nécessaires pour exécuter les recommandations de l'instance exécutive», a indiqué le porte-parole du parti qui a qualifié «cette attitude d'immorale». Les dissidences au FLN ne datent pas d'aujourd'hui mais cette dernière arrive au mauvais moment. C'est que le parti de Belkhadem a entamé un travail de sensibilisation sur le terrain, notamment auprès des élus locaux. La dissidence intervient, donc, au coeur d'une campagne pour des élections que le FLN veut absolument remporter, cela d'une part. De l'autre, il y a en face des concurrents redoutables, à l'image du RND mais qui ne doit pas jubiler pour autant puisqu'à Béjaïa une quarantaine d'élus RND ont décidé de rejoindre les rangs du FLN. Il faut le dire car, en définitive, les dissidents cela signifie déjà des voix perdues pour le parti de Ouyahia. Il y a quelques mois, un mouvement de redressement a été pourtant évoqué avec insistance au sein du RND que d'aucuns qualifiaient de fragilisé, notamment après avoir perdu la chefferie du gouvernement. Le FLN majoritaire au Parlement, aux APC et aux APW, au gouvernement dont il dirige même l'Exécutif, s'est brusquement réveillé de la certitude politique que lui confère cette majorité: il est finalement vulnérable et il est loin des mauvaises surprises. Au début de sa campagne pour ces sénatoriales, il a promis de travailler de façon à ce qu'aucune voix de son réservoir électoral ne soit perdue. Il a fini par perdre des élus. Quelle mauvaise surprise à la veille des sénatoriales!