Amusant apprentissage, au soir du mercredi 25 juin au Théâtre national algérien (TNA) à Alger, de l'angklung, instrument javanais en bois et bambou. Do, re, fa, si... les présents, nombreux, se sont vite adaptés au jeu dirigé sur scène par une jeune artiste indonésienne. Vite et bien ! On a joué du Frère Jacques et du Habibi ya nour el äin... Facile, l'angklung produit des sons qui ont juste besoin d'être harmonisés. A l'origine, cet instrument, populaire en Indonésie, a été joué, pour la première fois, pour rendre honneur à Dewi Sri, « la déesse de la fertilité ». Les bonnes moissons agricoles sont célébrées dans l'île de Sumatra, sixième plus grande île au monde (presque un cinquième de la surface de l'Algérie). Exécutée par la troupe traditionnelle de Djakarta, venue pour la promotion de l'année touristique « Visit Indonesia 2008 », la danse Tortor Marpangir est un hymne à la bonne récolte et à la réussite sociale. Symbole d'harmonie et de mouvement, la danse Rapie saman, elle, illustre avec beauté la richesse de d'Aceh, région défigurée pour un temps par un tsunami. En tuniques vertes et rouges, les danseuses armées d'un petit instrument de percussion se sont éclatées sur scène, menées par un chanteur qui a fait appel à des paroles en arabe, précédé par un « Salam alikoum » comme pour souligner la profonde culture musulmane de l'Indonésie. Culture présente dans la danse de Japin des 3200 îles Riau, là où l'accueil des invités se fait toujours avec des formes chorégraphiques dynamiques. Riau est surtout connue pour être la terre de naissance de la langue malaise, langue nationale en Indonésie et en Malaisie. Le passé austronésien de l'île de Bali fait son originalité artistique. Comme cette danse de Baris, celle qui symbolise l'expression vaniteuse d'un roi vainqueur. De l'Asie du Sud-Est à l'Afrique du Nord, la danse de Baris trouvera sûrement des adeptes ! L'ambiance a pris une autre tournure mercredi soir avec la performance sundanaise du Rampak Kendang : des tambours cylindriques aux mains de percussionnistes bien inspirés. Le public n'a pas résisté à la tentation d'embarquer dans le bateau ivre des rythmes. La racine culturelle indienne du Sunda, à l'extrême-ouest de l'île de Java, apparaît dans le Rampak. Le Sunda est aussi célèbre pour avoir abrité dans sa capitale Bandung la fameuse conférence des pays afro-asiatiques de 1955. « Vous ne découvrirez qu'une partie de notre riche patrimoine culturel », a prévenu, à l'ouverture du spectacle, Mme Mumpuni Widarso, ambassadeur d'Indonésie à Alger. Le spectacle a été présenté hier à Constantine. La délégation culturelle est menée par Sapta Nirwandar, directeur marketing auprès du ministère indonésien de la Culture et du Tourisme. L'Algérie et l'Indonésie s'apprêtent à signer un mémorandum d'entente pour la coopération culturelle. A travers « Visit Indonesia 2008 », Jakarta aspire à attirer des touristes du monde entier. Manière de surmonter les graves dégâts du séisme et du tsunami de décembre 2004. Les attentats de Bali ont également laissé un mauvais souvenir sur l'Indonésie, pays riche de 17 000 îles et d'immenses forêts et de larges plages.