Le néo-secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) Ahmed Ouyahia, venu hier rencontrer les journalistes au terme des assises de son parti à l'hôtel El Aurassi, a tôt fait d'enfiler le costume de diplomate qui seyait à la lancinante question : va-t-on ou pas à l'union pour la Méditerranée ? « En politique étrangère, il n'y a pas de position d'un parti mais une doctrine et une position unique que le président de la République définit en fonction des intérêts de l'Algérie ». Visiblement exaspéré par le battage médiatique fait autour du projet de Nicolas Sarkozy, revu et corrigé par la Commission européenne, Ouyahia s'en est même pris à la presse nationale dont il a qualifié les commentaires de « bla-bla ». « Je constate que la presse algérienne est la seule, y compris dans les pays européens, à insister sur ce projet (UPM). Même Le Monde ne consacre pas autant de commentaires… », assène Ouyahia. Son message est clair : le sommet du 13 juillet à Paris et plus généralement le projet lui-même ne l'empêche pas de dormir même en tant que chef du gouvernement. Il en veut d'autant plus que les concepteurs du projet eux-mêmes ne lui ont pas encore donné un contenu. « Jusqu'à maintenant, nous ne connaissons pas les contours du projet de l'UPM puisque Bruxelles n'a préparé aucun document ; ils ont juste promis de soumettre un texte lors du sommet de Paris », assure Ouyahia. Cela signifie-t-il que l'Algérie n'y sera pas représentée ? Ouyahia ne s'avance pas trop, mais la tonalité de son discours laisse deviner que notre pays n'a pas encore trouvé son compte. Et c'est à ses yeux la seule hypothèque qui sous-tend la participation de l'Algérie et de son Président. Ahmed Ouyahia qui a précisé parler « en tant que diplomate », balaie d'un revers de la main la juxtaposition médiatique du soutien d'Alger à l'UPM à la présence ou pas de l'Etat hébreu. « Le seul moteur de la diplomatie algérienne dans ce genre de forum, ce sont ses intérêts ! », tonne Ahmed Ouyahia, accusateur aux entournures. Et de lancer à la cantonade : « Nous n'avons aucun complexe par rapport à la présence d'Israël dès lors que ses dirigeants étaient présents en 1995 à Barcelone, au même titre que ceux de notre pays ! » Et à ceux qui évoquent la situation en Palestine, le chef du gouvernement dénonce le « fonds de commerce » et adopte la realpolitik en s'exclamant que « Mahmoud Abbas, premier concerné, sera, lui, présent à Paris ! ». Ahmed Ouyahia fustige sans les nommer certains dirigeants arabes qui montent sur leurs grands chevaux dès qu'il s'agit de l'Algérie, « alors que leurs pays entretiennent des relations diplomatiques avec Israël ». Et de remettre au goût du jour la fameuse tirade de Boumediène selon laquelle : « Plus jamais un Algérien ne mourra que pour l'Algérie ! » Ouyahia suggère ainsi que la politique étrangère algérienne ne s'articule plus sur « ces fonds de commerce » et que « personne ne peut nous complexer sur la Palestine au profit de laquelle l'Algérie est l'un des rares pays à s'être toujours acquitté de sa quote-part en soutien à ce peuple frère dans le cadre de la Ligue arabe ». Le nouveau chef du gouvernement a donc jugé utile de recadrer le débat sur l'union pour la Méditerranée, sous l'unique substrat diplomatique : les intérêts du pays. Le reste, tout le reste, ne serait donc que commérages de presse, faute d'une communication institutionnelle, faut-il le souligner.