Des opérateurs véreux scannent des contrats de marché, documents exigés par les cimenteries, afin de faire de la spéculation sur le ciment. Des entrepreneurs ont présenté des contrats de marché falsifiés pour bénéficier d'approvisionnements auprès des cimenteries, a révélé hier le directeur de la concurrence et des prix (DCP) de la wilaya d'Alger, Youcef Lamari, lors d'une conférence-débat sur le marché des matériaux de construction organisée par l'Union générale des commerçants et des artisans algériens (l'UGCAA). Ces opérateurs véreux scannent le document en question qui est exigé par les cimenteries afin de faire de la spéculation sur ce produit qui a connu ces derniers temps une tension intenable, menaçant même la poursuite des travaux sur des chantiers importants. Le DCP d'Alger a indiqué que l'anarchie dans le marché des matériaux de construction à l'instar d'autres activités est telle qu'il échappe à tout contrôle. Pour étayer ses dires, il indiquera que des dépôts de matériaux de construction ont été érigés sur des exploitations agricoles privées et étatiques. Selon M. Lamari, l'arrêté du wali d'Alger qui exige aux vendeurs de matériaux de construction d'être installés dans des zones d'activité est venu à point nommé pour organiser une profession où l'incurie est totale. Il fera savoir dans le même sillage qu'une loi est en préparation au niveau du ministère du Commerce pour organiser cette activité. Cette nouvelle réglementation prévoit entre autres le plafonnement des marges à 100 DA afin que le prix entre le grossiste et le détaillant ne connaisse pas un surenchérissement le rendant inabordable au commun des consommateurs. Le ministère a anticipé sur l'exécution de ce texte réglementaire en prenant des mesures visant à mettre de l'ordre dans le secteur. Il en est ainsi du lancement d'une opération de recensement des commerçants des matériaux de construction qui est toujours en cours. Le DCP d'Alger signalera à ce sujet que de nombreux commerçants ont refusé d'être répertoriés. Rien que dans la wilaya d'Alger, 300 se sont opposés à cette opération, selon le chargé de l'organique à l'UGCAA, Zaber Abdenour. Ce dernier ne manquera pas de mettre en avant « un problème de communication entre l'administration et les commerçants » pour expliquer cette situation. M. Lamari a averti que ceux qui n'ont pas accepté d'être recensés ne bénéficieront pas d'assiettes foncières dans les zones d'activité et leurs magasins seront fermés. D'ailleurs, plusieurs opérateurs qui ont refusé de se conformer à l'arrêté du wali ont vu leurs dépôts mis sous scellés. Un représentant des distributeurs de matériaux de construction a pointé du doigt les cimenteries qu'il accuse de ne traiter qu'avec les entrepreneurs, les laissant sur le carreau. Selon lui, seule la cimenterie d'Orascom, sise à M'sila, a accepté de les approvisionner. A cela s'ajoutent, a-t-il poursuivi, les délais trop courts accordés aux distributeurs pour leur permettre de régulariser leur situation. Dans un tel contexte, lui et ses confrères demandent le gel de l'arrêté du wali d'Alger.