Le second tour de l'élection présidentielle vendredi dernier, au Zimbabwe, n'a été « ni libre ni équitable », ont estimé dimanche les observateurs du Parlement panafricain (PAP), appelant à l'organisation d'un nouveau scrutin. « L'atmosphère prévalant dans le pays n'a pas permis de conduire des élections libres, équitables ni crédibles », a déclaré le chef de la mission du PAP, Marwick Khumalo, lors d'une conférence de presse à Harare. « Il faut réunir le plus vite possible les conditions pour tenir des élections libres, équitables et crédibles », a martelé le député swazi, à la tête d'une délégation de 50 observateurs de cette institution de l'Union africaine (UA). « L'environnement politique dans le pays était tendu, hostile et instable (...) et la campagne électorale a été marquée par un degré élevé d'intimidations et de violences, avec des personnes déplacées, des enlèvements et des vies perdues », a-t-il insisté. Le leader de l'opposition Morgan Tsvangirai, arrivé largement en tête devant le chef de l'Etat sortant Robert Mugabe, au premier tour le 29 mars dernier, avait renoncé à se présenter au second tour face à l'ampleur de la répression, laissant le président seul en lice. Le régime au pouvoir, depuis l'indépendance en 1980, avait essuyé une défaite historique aux élections générales du 29 mars, perdant également sa mainmise sur le Parlement. Sous le choc, il a déchaîné dans l'entre-deux tours une flambée de violence contre les opposants ou supposés tels. « Des discours de haine, des incitations à la violence et une rhétorique de guerre ont instillé la peur », a déclaré M. Khumalo. « Les déclarations émanant de dirigeants estimés au Zimbabwe, rendent difficile de nier les allégations de violences orchestrées par l'Etat », a-t-il ajouté. « L'intolérance politique au Zimbabwe a atteint son plus bas niveau dans l'histoire récente du pays », a continué le chef de la mission du PAP, mettant également en question l'indépendance de la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC), chargée de collecter et d'annoncer les résultats. « Le rôle de la ZEC dans ce dernier scrutin est encore plus à déplorer que lors des précédentes élections », a-t-il lancé. Les observateurs du PAP ont constaté une participation faible et ont relevé « un nombre inhabituellement élevé de bulletins nuls », sur lesquels les électeurs contraints de voter ont souvent écrit « des messages indicibles » en direction du pouvoir. Aucun observateur occidental n'a été accrédité pour le scrutin de vendredi. Des équipes de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC, 14 pays) et de l'UA étaient toutefois présentes.