Le téléphone portable avec ses multiples fonctions, appareil photo, caméra, est davantage utilisé pour montrer des événements d'actualité. Dernier cas en date, le meurtre d'une jeune Chinoise dans une province du sud-ouest de la Chine. La police, qui a bâclé l'enquête, a conclu à un suicide. Son oncle, certain que sa nièce a été assassinée, a protesté. Il a été passé à tabac et y a succombé. La population du village de Weng'am a protesté violemment. Des photos et des vidéos ont été publiées sur les sites internet. Les Chinois et le monde entier ont pu voir les émeutes grâce à « you tube et daylimotion », des sites mondialement connus. Des blogs, sur le site populaire sina.com se sont créés en masse. Normalement, en Chine, il y a une police spéciale qui censure ce genre d'initiatives du citoyen. Mais là, l'émergence des vidéos n'a pas permis à ces forces spéciales de tout bloquer. Cette diffusion massive d'images sur internet a porté ses fruits, car la police a décidé, mardi, de rouvrir l'enquête sur le meurtre de cette jeune fille. Cet événement n'est pas le premier du genre. Dans les journaux télévisés, il est de plus en plus fréquent de voir des images réalisées par des amateurs lors de conflits, où la presse ne peut pas être présente. Souvenez-vous de la révolte des moines birmans. Les rares images que le téléspectateur pouvait voir provenaient des citoyens, via leurs téléphones portables. Il en va de même sur le continent africain où le téléphone portable se démocratise. Lors des révoltes au Kenya, après l'élection présidentielle, des activistes émanant de la société civile ont tenté de faire bouger les choses. Deux informaticiens ont eu une idée ingénieuse : le témoin d'une violence envoie un sms à un numéro de téléphone. Ensuite, le message arrive directement sur le serveur du site web nommé Ushaïdi. L'équipe du site internet vérifie l'information, puis la met sur le site avec une carte pour situer l'endroit. Pour transmettre l'information, un numéro de téléphonie mobile a été rendu public. Le citoyen n'a qu'à envoyer une alerte message. La population kényane a vite compris l'intérêt, et les sms ont afflué. Il devient difficile pour le gouvernement kényan de censurer les violences. Ces petits sms sur le site Ushaïdi ont été repris par des médias internationaux, comme la BBC. Théophile Kouamouo, journaliste ivoirien qui a constaté ce phénomène, pense que ce processus donne un pouvoir à la population : « Ils inquiètent les adversaires des processus démocratiques, quel que soit leur bord », explique-t-il. Sur le point des représailles du gouvernement, le citoyen ne risque pratiquement rien. En Afrique, les téléphones portables sont anonymes. Par conséquent, on ne peut pas identifier de l'auteur du sms. Les concepteurs d'Ushaïdi ont recopié le même modèle sur les violences xénophobes en Afrique du Sud. Il s'appelle United For Africa. Un site identique s'est créé au Zimbabwe sur les représailles, suite aux résultats des élections présidentielles. Une démarche que le président Robert Mugabe n'apprécie guère. L'autorité de régulation des télécommunications au Zimbabwe a pris l'initiative de contrôler les sms. Il en va de même pour les blagues à l'encontre de Robert Mugabe. Pourtant, le rire n'a jamais menacé le pouvoir d'un dictateur.