Nous sommes en alerte générale et l'Algérie est en danger. La loi portant sur les biens domaniaux est plus dangereuse que celle des hydrocarbures, l'heure est donc grave. » C'est par cette sentence que Mme Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs (PT), a ouvert solennellement sa campagne nationale contre ce qu'elle qualifie de « loi anticonstitutionnelle et antinationale » du fait qu'elle représente un danger sur la propriété de la collectivité nationale. Une loi pourtant approuvée et adoptée par les deux chambres parlementaires au mois de mai dernier. Les militants et les adhérents du PT représentant les 48 wilayas du pays ont fait le déplacement, jeudi dernier, jusqu'à la salle omnisports de Baraki (Alger) pour prendre part au premier d'une longue série de meetings programmés pour les prochains jours aux quatre coins du pays. Dans cette salle archicomble, devant près de 1000 participants et sous une chaleur accablante, la patronne du PT a décidé de s'adresser directement au premier magistrat du pays, lui demandant d'ordonner le retrait de cette loi. Mme Hanoune est persuadée que la loi modifiant et complétant la loi n°90-30 du 1er décembre 1990 portant loi domaniale a été « dictée par l'étranger » et vise la démonopolisation de la gestion du domaine public qui est entre les mains de l'Etat et la déstabilisation de l'unité du pays. « Nous avons demandé au président de l'APN de faire une deuxième lecture de ce texte qui favorise le retour des ‘‘colons'' et de la soumettre à un large débat, mais il a refusé. Nous avons demandé l'intervention du Conseil constitutionnel sur l'anticonstitutionnalité de ce texte de loi, en vain. Notre dernier espoir reste alors le président de la République », a fait remarquer l'intervenante, tout en rappelant que lors du débat à l'Assemblée, des députés de différentes formations ont exprimé leur inquiétude quant au projet en question. Mme Hanoune regrette toutefois que les 35 amendements introduits par sa formation n'aient pas été acceptés, y compris celui de fond ayant trait au droit de préemption pour l'Etat sur les biens concédés lorsque le cahier des charges n'a pas été respecté : « Face à toutes ces tergiversations et aux zones d'ombre qui entourent cette loi, nous devons faire barrage à un texte qui planifie la mort de l'Algérie et qui vise le démembrement du pays. Nous allons, à cet effet, organiser des meetings similaires à travers le territoire national afin d'informer la population sur cette liquidation programmée de la propriété publique. » Le vote de cette loi est une décision idéologique injustifiable, a lancé Mme Hanoune, ajoutant que son parti ne peut être un simple figurant ou un spectateur, mais doit impérativement jouer un rôle dans la sauvegarde de l'unité du pays. « Nous revendiquons haut et fort le retrait de cette loi. La propriété collective est inaliénable, imprescriptible et insaisissable et les biens domaniaux ne sont pas à vendre. La nation est à défendre », a tonné du haut du pupitre la chef de file du PT. Cette phrase lui a valu des youyous appuyés d'applaudissements nourris. Usant du même ton et tout en énumérant les différentes fêtes nationales que l'Algérie célèbre chaque année, Mme Hanoune espère voir celle du 8 mai 1945 rehaussée au même degré que celle du 5 Juillet, fête de l'indépendance et de la jeunesse. Saisissant justement cette opportunité qu'est la journée du 5 juillet, Mme Hanoune a tenté de jouer sur cette fibre sensible pour amener les hauts responsables à opter pour le retrait de la loi domaniale. Dans ce sens, elle a expliqué qu'aucun pays ne peut prétendre à son indépendance si son économie n'est pas totalement indépendante. Cette loi réintroduit, selon Mme Hanoune, la dénationalisation des richesses du pays et est en contradiction avec la Constitution, notamment ses articles 1, 12, 13, 17 et 18 qui définissent l'indivisibilité et l'inaliénabilité de la propriété de la collectivité nationale.