Pour la première fois, probablement, dans l'histoire de la capitale, un élu donnera un délai concernant la destruction totale du foncier de la commune. L'élu en question est Abderrezak Saâdoune, premier vice-président de la riche et très convoitée commune de Birkhadem. D'après cet élu, « si la réalisation de constructions illicites se poursuit avec la même cadence dans la commune de Birkhadem, il n'y aura aucun terrain à exploiter dans à peine six mois ». Un véritable compte à rebours est donc enclenché dans cette commune agricole qui le devient, en fait, de moins en moins. Un appel de détresse est d'ailleurs lancé par les élus locaux pour que les titulaires de décision antidatées ne détruisent pas tout le patrimoine foncier de la commune. A en croire, les élus avec lesquels nous nous sommes entretenus, plus de 60% des terrains de la commune ont été « détruits » à cause de l'invasion sauvage et hors la loi du béton. Il ne reste actuellement qu'un peu plus de 35 % de ces terrains qui faisaient la réputation de Birkhadem. Une commune riche en potentiel foncier et agricole. Le moins averti pourrait aujourd'hui constater l'état lamentable dans lequel se trouve cette commune. A l'entrée est de Birkhadem, à Zonca, le visiteur est vite frappé par le nombre impressionnant de villas et de commerces fraîchement apparus. Sans aucune harmonie ni respect des normes, ces constructions donnent l'impression d'avoir « poussé » de façon prématurée sur des terres agricoles où elles n'auraient jamais dû se trouver. Des « squelettes » de villas se découpent au loin, comme pour signifier à qui veut le savoir, que la défiguration de la commune n'est pas encore arrivée à son terme. La boue dans laquelle pataugent les véhicules et les passants dépaysés dans leur propre commune témoignent du chantier de la veille. Ce qui frappe dès qu'on entre dans le territoire de la commune, c'est aussi ces différents engins de travaux publics stationnés en bon ordre. Des engins appartenant tous à des privés qui attendent d'être sollicités pour participer à tel ou tel chantier. La rapidité d'exécution des chantiers de Birkhadem n'a d'égale, en fait, que l'audace de ses auteurs. Ne semblant redouter aucune punition, les propriétaires très controversés des terrains qui relèvent de la direction des Domaines s'appuient sur des décisions non reconnues par la loi. Sachant pertinemment qu'ils sont en marge de la loi, « ces entrepreneurs » préfèrent construire leurs habitations de nuit. Cette discrétion leur permet d'éviter « les trouble-fêtes » mais leur permet aussi de mettre les autorités au pied du mur. La destruction de centaines de constructions illicites s'avère une tâche des plus ardues. Les autorités seraient peut-être tentées dans ce cas de régulariser ces constructions pour fermer définitivement ce dossier. Pour les élus locaux, l'unique espoir qui subsiste est l'intervention de la wilaya à travers l'adoption du plan d'occupation du sol relatif à la zone de Taharbouchet. Mais rien ne dit que l'adoption de ce plan viendra en temps voulu. En attendant, la commune de Birkhadem perd ce qu'elle a de plus cher : ses terres agricoles que beaucoup lui enviaient. Le compte à rebours est bel est bien lancé et les élus et bien que les habitants retiennent leur souffle avant la destruction totale de leur foncier ou l'arrivée d'une solution providentielle mais toujours hypothétique.