Au-delà des statistiques officielles et des chiffres impersonnels, la réalité du trottoir se superpose avec le vécu des sans domiciles fixes (SDF). Trois lettres pour dire qu'ils sont, statistiquement, 320 personnes à « squatter » la rue. Un chiffre qui correspond au ramassage des SDF sur un peu plus d'une année et qui ont transité par Diar Er Rahma de Misserghine. Une opération qui a coïncidé avec l'ouverture officielle de la structure d'accueil le 23 décembre 2003. Pour l'année en cours, le premier ramassage dans la commune d'Oran a eu lieu en octobre dernier et se poursuivra durant tout l'hiver, pour ne prendre fin qu'aux derniers jours du printemps. Ainsi, le centre-Ville, la caserne Chaâbane, Boulanger ou les Plateaux, pour ne citer qu'eux, figurent sur la carte géographique locale des sites à surveiller. A la DAS, un premier bilan arrêté en mai 2004 fait état de 191 sans domicile fixe recensés, dont 32 jeunes âgés de 0 à 19 ans. 116 personnes ont été ainsi identifiées. Des fiches d'identification sont établies sur place au niveau de la structure d'accueil. Et, après propositions, 102 personnes ont été orientées sur Diar Er Rahma. Cette dernière a abrité en son sein, et depuis son inauguration, 320 SDF dont 141 hommes, 137 femmes et 42 enfants. Des familles entières font souvent parties du lot. Sur ce chiffre, 217 « pensionnaires » sont sortis. Des sorties volontaires à l'exemple de ces SDF incapables de résister à un environnement clos et qui préfèrent la liberté de la rue aux quatre murs d'un établissement même caritatif. Certains vont jusqu'à faire le mur. Aussi, à Diar Er Rahma, on privilégie davantage la solution radicale aux bricolages de circonstance. Ainsi, 15 filles passées par le centre ont été mariées, 55 cas ont connu une réintégration familiale, 12 cas ont, par ailleurs, bénéficié d'une insertion professionnelle et 182 situations administratives en suspens ont été réglées.