Brahim venait tout juste de poser ses bagages de retour de Berlin où il avait exposé ses toiles. Il a bien voulu nous recevoir. Né le 20 janvier 1938 à Grara, Brahim après sa scolarité dans la Basse Casbah d'Alger puis à Guerrara, s'en alla au Caire pour y décrocher le diplôme majeur en arts plastiques en 1967. De retour en Algérie, il se consacre à l'enseignement dans divers lycées. En 1982, il est inspecteur de dessein dans le secondaire, fonction qu'il assurera durant 13 ans. Puis il est directeur de la culture de la wilaya de Ouargla, jusqu'en 1998, où il fit valoir ses droits à la retraite. Depuis, il poursuit ses recherches en projetant d'écrire d'autres ouvrages sur la peinture ayant déjà à son actif : l'historique de la peinture algérienne (1988) et cheminement de l'art plastique algérien (2005). Influencé par l'architecture de son M'zab natal, Brahim a été porté vers le cubisme, d'où l'influence de ce style sur ses œuvres où les couleurs chaudes sont omniprésentes et qui figurent dans l'imposant ouvrage édité par l'ENAG. Pourquoi ce livre ? Il en parle : La publication de mon premier ouvrage sur les arts plastiques en Algérie sous le titre Le mouvement des arts plastiques contemporains en Algérie en 1998 par l'Entreprise nationale du livre (ENAG) était dictée par les conditions qui prévalaient à l'époque, caractérisées par l'absence d'écrits retraçant fidèlement les différentes époques franchies par cette école. Cet ouvrage a pris naissance au lendemain d'une communication que j'avais présentée en 1973 à Baghdad, lors des assises de la 1re conférence des artistes plasticiens arabes. Elle a été reprise par la presse nationale, El Chaâb, El Moudjahid Hebdo et Atthaqafa, ainsi que par la presse arabe, la Revue des belles lettres de Beyrouth et le journal cairote El Massa. C'est le regretté Salah Kherfi qui m'a encouragé à entreprendre une étude plus approfondie et plus exhaustive et tenter d'en faire un référent pour les chercheurs. Mon entreprise a été étayée par les témoignages oraux de certains précurseurs qui ont accompagné ce mouvement depuis le début du siècle dernier et jusqu'à l'indépendance ; ils ont été à la base de la publication de l'ouvrage et ont affiné et étoffé mes connaissances en me fournissant une masse d'informations précieuses. Je cite particulièrement les regrettés Mohamed Zemirli et Mohamed Temam ainsi que le grand artiste Abderrahmane Sahouli ! Un acte pédagogique J'ai par ailleurs consulté quelques documents épars, mais combien précieux ! Il est temps aujourd'hui – après l'épuisement de la première édition et le regain d'intérêt exprimé par les amateurs, professeurs et étudiants des beaux-arts et compte tenu de l'émergence de nouvelles références et de foisonnement d'écrits sur le sujet – de mettre à la portée des intéressés un ouvrage sur le même sujet que j'ai intitulé Cheminement des arts plastiques en Algérie. J'y ai tenté une présentation de notre art contemporain et l'inspiration qu'il puise du fond culturel antérieur à travers ses différentes périodes, du rupestre du Tassili, à l'art islamique et les arts moderne et contemporain. un premier chapitre y est consacré aux arts islamiques, en mettant l'accent sur l'art de la miniature qui a connu un essor dans notre pays avec une présentation des pionniers de cette école. J'y évoque également l'école algérienne de la calligraphie arabe, d'une sublime élégance et dont l'influence a bravé l'obstacle saharien et atteint les rives du fleuve Sénégal. Un autre chapitre concerne l'influence occidentale et particulièrement française sur cet art durant la période coloniale de 1830 à 1962, une époque incontournable dans cette évolution. Un dernier chapitre aborde la période postérieure à l'indépendance, les différentes tendances artistiques et les institutions culturelles qui ont encouragé l'épanouissement des arts plastiques d'aujourd'hui. Un addendum biographique des artistes algériens conclu l'ouvrage. Je me suis efforcé de faire connaître le plus grand nombre possible parmi eux – plus de trois cents – illustré des œuvres que j'estime représentatives. Brahim souhaite voir le nombre de galeries se démultiplier. « L'Etat doit intervenir pour aider et non pas se contenter des manifestations conjoncturelles. Il faut sortir de l'individualisme étroit pour créer des ateliers collectifs et pourquoi pas penser déjà à une ville entièrement consacrée aux artistes. »