Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) qualifie les résultats du bac, session 2008, d'« arbre qui cache la forêt ». Réagissant aux déclarations du premier responsable du secteur de l'Education, qui attribue le taux de réussite à l'application de la réforme, les responsables du CLA, qui portent un regard critique et sceptique sur ces propos, estiment que l'autosatisfaction du ministre est pour le moins incohérente « quand on sait qu'en cours d'année scolaire, il parlait "de réformer" la réforme ». M. Benbouzid n'est pas à une contradiction près, souligne le CLA, qui rappelle que « l'année précédente, il liait déjà le taux de réussite au succès de la réforme ! Le taux de 53% et la pluie de mentions ne doivent pas faire oublier tous ces recalés, qui se comptent par milliers, majoritairement issus de l'ancien système », avertissent les responsables du CLA, qui s'interrogent d'ailleurs sur le devenir de ces élèves. Les résultats du bac interpellent le CLA sur un autre plan : celui de la répartition du nombre de reçus par filière. « La filière littéraire s'est octroyée le plus grand taux de réussite, celle des scientifiques vient en deuxième position et en dernier, la filière technique, vu le nombre restreint d'élèves relevant de cette filière. C'est un résultat attendu, vu la politique de démantèlement des lycées techniques entrepris depuis plus de trois ans », estiment les représentants du conseil. Le CLA est convaincu, en outre, qu'une réforme ne peut être décrétée réussie et ne pourra l'être, à terme, tant que l'avenir des principaux acteurs que sont les enseignants reste chaque année hypothéqué et que la gestion la plus opaque règne au niveau de l'élaboration de la charte scolaire. Par ailleurs, se prononçant sur la grève de la faim des enseignants contractuels qui entre dans son cinquième jour, le CLA se déclare solidaire du combat de ces grévistes et a tenu à rappeler les déboires rencontrés par cette catégorie d'enseignants : « Après avoir lutté toute une année pour leur intégration, après avoir frappé à toutes les portes, après avoir été harcelés, réprimés, les enseignants contractuels continuent leur combat avec pour ultime recours la grève de la faim ». « 26 000 postes, officiellement, sont à pourvoir et l'on exige des enseignants contractuels, dont la plupart ont à leur actif au minimum cinq ans d'ancienneté, de passer par un concours pour leur intégration, eux à qui la tutelle a fait appel dans les périodes les plus cruciales. A ceux-là mêmes on demande de passer un concours dont l'issue est on ne peut plus aléatoire. C'est inadmissible ! », ont déclaré les représentants du CLA, qui demandent à la tutelle de prendre ses responsabilités et d'annuler la décision du concours pour ces milliers d'enseignants.