Les images du jeune Canadien, Omar Khadr, ont heurté la sensibilité de tous. Mardi dernier, la télévision canadienne a diffusé l'enregistrement tourné en caméra caché par ces avocats lors d'un interrogatoire du jeune détenu dans la prison de Guantanamo. Il était interrogé par les agents des services secrets canadiens. Cette vidéo date de 2003. Omar Khadr était alors âgé de 16 ans et cela faisait six mois qu'il était prisonnier dans la base militaire de Guantanamo. Il est accusé d'avoir lancé une grenade causant la mort d'un soldat américain. A l'âge de 15 ans, il avait été capturé en Afghanistan puis il avait été directement transféré à Guantanamo. Les images de la vidéo sont édifiantes. On y voit un adolescent de 16 ans à bout de souffle, le visage enfoui dans les mains. Il ne demande qu'une chose : être extradé vers le Canada, son pays d'origine. Pendant cet interrogatoire, l'adolescent se plaint de ses conditions de vie. « J'ai perdu mes yeux. J'ai perdu mes pieds, tout », clame-t-il en pleurs. L'agent ne le croit pas et rétorque qu'il est entre de bonnes mains, ici, à Guantanamo. Un peu plus loin dans la vidéo, on voit cet adolescent de 16 ans, seul, hurlant de désespoir « aidez moi » puis « tuez moi ». Omar Khadr n'a rien d'un terroriste ultra-dangereux, mais plutôt un jeune en détresse. Dans cet enregistrement de 10 minutes, il n'y a pas d'images de violence à l'encontre du prisonnier. Cependant, un document officiel canadien atteste qu'avant la visite des services secrets canadiens, Omar avait été privé de sommeil pendant plus de trois semaines, dans le but d'être plus docile lors de l'interrogatoire. Aujourd'hui, âgé de 21 ans, Omar Khadr demande toujours son extradition. Un souhait que le Premier ministre, Stephen Harper, refuse toujours de lui accorder. Du côté américain, ce n'est guère plus glorieux. Le gouvernement fédéral américain affirme que « les forces armées ont le droit, sur un champ de bataille, d'appréhender tout individu, même un mineur qui attaque et tue des soldats américains ». Le procès sur cette affaire est attendu le 4 septembre prochain, avant celui devant le tribunal militaire prévu en octobre. La seule chance d'Omar Khadr d'y échapper reste l'opinion publique. Face à ces images, l'opposition canadienne demande son retour au pays et bon nombre d'ONG et d'associations se mobilisent sur le cas du jeune homme qui a passé toute son adolescence dans cette prison de la honte où on y pratique la torture, qu'on ne présente plus.