Le délai fixé aux Sudistes vivant au Nord pour regagner le Soudan du Sud ou s'enregistrer auprès des autorités de Khartoum après la partition expire dimanche, plongeant quelque 500.000 personnes dans la confusion. Durant les deux décennies de guerre civile Nord/Sud, plusieurs millions de personnes ont fui les combats et se sont installés au Nord. Ils ont repris le chemin du Sud par centaines de milliers à la fin de la guerre en 2005 puis lors de la partition en juillet. Mais selon des estimations, environ un demi-million de Sudistes ne sont pas partis, souvent pour ne pas quitter un emploi ou un conjoint nordiste. Beaucoup de ceux encore au Nord sont aussi d'anciens fonctionnaires limogés au moment de la partition, qui attendent de percevoir leurs indemnités. Or, selon Jill Helke, responsable de la mission de l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM) au Soudan, tous ignorent comment obtenir le statut de résident au Soudan. Mais des responsables sud-soudanais ont été envoyés au Nord pour inviter les Sudistes à ne pas paniquer. "Pour l'instant, nous ne savons pas ce qui va se passer", a expliqué le chanoine Sylvester Thomas, doyen de la cathédrale épiscopale de Khartoum, s'exprimant par téléphone depuis Juba, où il est parti se faire établir un passeport avant de retourner au Nord, où vit sa famille. Lui-même ne sait pas où s'adresser pour obtenir le statut de résident à Khartoum. "Il y a tant de Sudistes qui voudraient rester", a-t-il assuré. Mais "nous ne savons pas comment nous allons nous faire régulariser". Aucune information n'a été fournie sur la procédure à suivre, à l'exception du fait qu'il faut être en possession de papiers d'identité établis par le Soudan du Sud pour déposer une demande. Le délai expire le dimanche de Pâques, une journée particulière pour les Sudistes, en majorité chrétiens dans un pays désormais quasi-exclusivement musulman. La date butoir intervient surtout en une période de fortes tensions entre les deux pays, deux semaines après de violents combats à la frontière qui ont fait ressurgir les craintes d'un nouveau conflit armé, alors que de nombreuses questions cruciales restent encore en suspens depuis la partition. Le médiateur de l'Union africaine, Thabo Mbeki, s'est rendu jeudi à Juba et vendredi à Khartoum pour tenter de désamorcer la crise. Avec le président soudanais Omar el-Béchir, il a abordé la question de l'avenir des Sudistes installés au Nord. "Le président Béchir a déclaré que les Soudanais étaient très hospitaliers et que beaucoup d'Africains vivaient au Soudan. (... Les Sudistes) n'ont aucune raison d'avoir peur", a déclaré l'ancien président sud-africain à la presse. En mars, des représentants des deux Soudan ont signé un "accord-cadre" garantissant aux ressortissants des deux pays la liberté de résidence, de mouvement et de travail de part et d'autre de la frontière. L'accord prévoit aussi une meilleure coopération en matière d'établissement de papiers d'identité et d'autres documents, mais il doit encore être ratifié par les deux pays. Pendant ce temps, des milliers de Sudistes attendent toujours de pouvoir partir. Environ 11.000 d'entre eux sont installés depuis des mois dans des abris de fortune à Kosti, entre Khartoum et la frontière sudiste. L'OIM tente d'affréter une barge pour les transporter sur le Nil Blanc.