Les élections législatives du 10 mai en Algérie ont été précédées d'une série de réformes lancées par le président Abdelaziz Bouteflika pour éviter une contagion du Printemps arabe, qui est vu comme menace de chaos dans ce pays marqué par plus d'une décennie de violences meurtrières. Ces réformes annoncées en avril 2011 à la nation par M. Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, répondent à une vague de protestations et d'émeutes lancées notamment dans la foulée du Printemps arabe. Plusieurs lois ont ainsi été adoptées par le parlement. - Loi sur les partis: présenté comme une réforme-clé, ce texte - autorisant de nouvelles formations politiques après 10 ans de gel des agréments -, est considéré par certains comme un moyen d'exercer un plus grand contrôle sur l'opposition. - Loi sur les médias: texte emblématique de M. Bouteflika qui consacre l'ouverture de l'audiovisuel au privé, mettant ainsi fin à plus de 50 ans de monopole de l'Etat. L'opposition, des militants de droits de l'Homme et des journalistes y voient cependant une "régression" et une atteinte à la liberté de la presse. - Loi sur la représentativité féminine en politique: elle accorde aux femmes entre 20 et 40% des postes, en fonction de la densité de population, mais sans obligation de les faire figurer en tête des listes électorales. - Loi sur les associations: elle fixe notamment "les conditions de création des associations", définies comme un regroupement de personnes souhaitant "partager leurs connaissances ou leurs activités dans un but non lucratif" et stipule un accord d'Etat à Etat pour autoriser les associations étrangères en Algérie. Elle révise une loi de 1990 adoptée après des émeutes sanglantes (500 morts en octobre 1988) qui mit fin au règne du parti unique, le Front de libération nationale (FLN). Le texte est jugé restrictif par les militants des droits de l'homme qui y voient un renforcement de l'hégémonie étatique sur la société civile, notamment sur les ONG étrangères et associations islamistes. - Loi sur l'interdiction du cumul du mandat parlementaire avec d'autres mandats et certaines fonctions. - Une révision de la Constitution sera soumise au parlement issu du scrutin du 10 mai. á Outre ces réformes, les autorités ont pris une série de mesures sociales: hausse des subventions sur les prix des produits de base, augmentation du salaire minimum de 15.000 à 18.000 dinars (150 à 180 euros) et relèvement à 15.000 dinars (150 euros) des pensions et allocations de retraite inférieures à ce montant, ainsi que revalorisation des salaires des fonctionnaires.