La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) ainsi que des familles de disparus algériens ont demandé mardi à Paris la libération d'un militant des droits de l'homme incarcéré en Algérie et la poursuite en France de deux miliciens présumés contre qui il a témoigné. Patrick Baudouin, président d'honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), et Nassera Dutour, porte-parole du collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), ont demandé lors d'un point presse la "libération immédiate" de Mohamed Smaïn, membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), incarcéré pour purger deux mois de prison pour dénonciation calomnieuse. "La FIDH condamne absolument" cette arrestation "et dénonce le comportement plus général des autorités algériennes en matière de droits de l'homme", a déclaré Patrick Baudouin. M. Smaïn, 70 ans, avait été condamné à deux mois de prison ferme en janvier 2002 par le tribunal de Relizane (Algérie) à la suite d'une plainte d'un Groupe de légitime défense (GLD), des civils armés par les autorités qu'il avait accusé d'avoir exécuté et enterré dans des charniers des sympathisants islamistes. Après différents recours il a été condamné définitivement le 27 octobre 2011. Il a été arrêté et écroué le 19 juin. Avant son arrestation, M. Smaïn avait prévu de participer à la conférence de presse organisée mardi à Paris pour demander que des poursuites soient engagées à l'encontre de deux miliciens présumés vivant en France et accusés d'avoir commis des actes de tortures en Algérie dans les années 1990. La FIDH et la Ligue française des droits de l'homme avaient porté plainte contre ces deux Algériens en octobre 2003. M. Smaïn s'était constitué partie civile et avait témoigné devant un juge d'instruction dans cette procédure. Selon la FIDH et la CFDA, le juge a clos son enquête en septembre 2011 et le procureur attend depuis de prendre ses réquisitions. "Cela fait des années et des années qu'on attend et qu'on ne voit pas le bout du tunnel dans cette affaire. Des honnêtes gens se retrouvent en prison et des barbares restent tranquillement chez eux", a estimé mardi Mme Dutour. En 1998, la région de Relizane a été le théâtre de nombreux massacres de civils perpétrés par des groupes armés islamistes.