Après les combats, il n'y avait plus rien, ni eau, ni électricité, ni nourriture. Nous avons rétabli 80% des services", s'enorgueillit Samir Haj Omar, chef du conseil politique d'Azaz, une ville syrienne qui a décidé de s'organiser pour l'après-Bachar al-Assad. Cela fait trois semaines qu'Azaz, à la frontière avec la Turquie, est aux mains des rebelles. Depuis, un conseil politique et un conseil militaire ont pris les choses en main. Après cinq mois de combats, les magasins et le souk ont rouvert. Les trois quarts de la population sont revenus, après s'être réfugiés notamment en Turquie voisine. Dans la ville, qui comme plusieurs autres cités des zones "libérées" a choisi l'auto-gestion, "on est libres et heureux", assure Abou Moussa, un ommerçant qui ne demande plus qu'une chose: "que 'Bachar' s'en aille". En apparence, Azaz ressemble à n'importe quelle ville arabe pendant le ramadan: journée au ralenti et effervescence à la tombée du jour. En soirée, les habitants s'y bousculent dans les rues commerçantes et des embouteillages se forment sur les routes. Mais ici les enfants jouent sur des carcasses de char et s'amusent à faire pivoter le canon. Et s'il n'y a pas de pénuries de nourriture, le prix de l'essence a quadruplé, passant de 50 livres (0,60 euros) avant la guerre à 200 livres (2,50 euros) aujourd'hui. A l'hôpital, les stocks d'antibiotiques, de compresses, de médicaments pour les enfants ont fondu avec les combats. L'équipe, composée initialement de 25 docteurs et infirmières, ne compte désormais plus que quatre membres dont un médecin, Anas al-Iraki. Seul face aux dizaines de femmes et d'enfants qui font la queue pour le voir, il en veut aux instances de l'opposition: "Le Conseil national syrien ne nous aide pas. Ils ne font que des promesses". "J'appelle des hommes riches pour essayer de trouver de l'argent et des médicaments. Nous dépendons entièrement des dons. Nous sommes entre les mains de Dieu", lance-t-il. Chaque jour, la ville "libre" d'Azaz attire de nouveaux réfugiés. Près d'un millier sont déjà présents dans la cité, venus notamment d'Alep, à 50 km au sud, où les combats font rage entre armée et rebelles, particulièrement dans le quartier Salaheddine, bastion insurgé. Majda, 20 ans, a fui sa maison de Salaheddine il y a trois jours avec ses trois enfants et ses frères et soeurs, mais même à Azaz, elle ne se sent pas rassurée. "Hier, on a entendu des combats d'ici et trois roquettes sont tombées. On est en sécurité nulle part en Syrie. On a très peur", lâche la jeune femme sous son voile noir et rose. Si les combats n'ont plus lieu à Azaz, les troupes ne sont pas loin. A seulement cinq kilomètres, l'aéroport militaire de Minakh est encore sous leur contrôle. Côté rebelles, les combattants d'Azaz sont presque tous partis se battre à Alep. Du coup, personne ne protège vraiment la ville de 70.000 habitants. "Parfois on voudrait mourir car de toute façon maintenant, on est en train de mourir lentement", dit encore Majda.