Des ressortissants du nord du Mali, groupés au sein d'un collectif, ont accusé mardi la Suisse d'avoir financé en juillet une réunion des rebelles touareg du MNLA, séparatistes, y voyant une "caution politique" de Berne "qui piétine sa légendaire neutralité". "Selon des informations crédibles et concordantes, la Confédération suisse, à travers son Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE), a participé à l'organisation et au financement d'une réunion politique des rebelles touareg indépendantistes du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) les 25, 26 et 27 juillet à Ouagadougou", au Burkina Faso, déclare dans un communiqué le Collectif des ressortissants du Nord (Coren). Le Coren regroupe plusieurs associations de Maliens originaires de Tombouctou, Gao et Kidal, les trois régions administratives du nord du pays tombées il y a près de cinq mois entre les mains du MNLA, qui menait depuis mi-janvier une offensive contre l'armée malienne avec l'appui de groupes islamistes armés. Aujourd'hui, les islamistes ont évincé leurs anciens alliés rebelles touareg des principales villes du Nord et contrôlent désormais totalement ces régions où ils commettent des exactions en prétendant appliquer la charia (loi islamique). "Sous le couvert d'une clarification de ses revendications en vue d'un règlement politique de la crise que connaît le Mali par sa faute (celle de la rébellion touareg, NDLR), la Suisse a permis au MNLA d'adopter des dispositions urgentes pour l'atteinte des objectifs" du mouvement, "en clair, le MNLA n'a pas renoncé à la partition du Mali", poursuit le Coren dans son communiqué. Le collectif "condamne avec la dernière rigueur cette tentative de remettre en selle un mouvement armé qui a été défait sur le terrain et visiblement rejeté par les populations". Il élève "une vive protestation contre l'attitude de la Suisse qui piétine sa légendaire neutralité pour apporter sa caution politique au MNLA". Il affirme toutefois connaître "l'intérêt général que la Confédération suisse porte à la crise du Nord-Mali" et évoque, sans plus de précisions, "des relations particulières pour ne pas dire intimes existant entre certains responsables du DFAE et des leaders du MNLA". Des informations publiées le 17 août dans la presse suisse, et qui ont été largement reprises par la presse malienne en ligne, ont fait état de l'aide suisse pour l'organisation de cette réunion du MNLA fin juillet au Burkina Faso. Le quotidien suisse Le Temps, citant des sources concordantes, a indiqué que le DFAE a "réglé la facture logistique de cette réunion" du MNLA, qui était "organisée dans le cadre de la médiation de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest)" conduite par le Burkina Faso. "Le DFAE ne soutient pas le MNLA mais la médiation du Burkina Faso et travaille dans ce cadre avec les parties au conflit", avait affirmé la porte-parole du département, Carole Wälti, citée par Le Temps. A l'Agence télégraphique suisse (ATS), Mme Wälti avait déclaré: "Le DFAE soutient la médiation du Burkina Faso dans le cadre du mandat de la Cédéao et a des contacts dans ce cadre avec les parties au conflit (au Mali), y compris le MNLA, dans un but de réconciliation nationale".