Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a appelé à manifester au Liban dès lundi contre le film islamophobe produit aux Etats-Unis qui a embrasé le monde musulman. "Vous devez montrer au monde entier votre colère et vos cris, lundi et les jours qui suivent", a déclaré le chef du puissant mouvement chiite, dans une allocution diffusée par Al-Manar, la chaîne du Hezbollah. Il a appelé ses partisans à manifester lundi dans la banlieue sud de Beyrouth, mercredi à Tyr (sud), vendredi à Baalbeck (est), samedi à Bent Jbeil au Liban sud et dimanche dans la Bekaa. Il s'est également adressé aux musulmans dans le monde, qu'il a exhortés à réagir face à ce film qu'il décrit comme la "pire attaque contre l'islam, pire encore que les +Versets sataniques+ (un roman de Salman Rushdie publié en 1988), que le fait de brûler des exemplaires du Coran en Afghanistan ou que les caricatures du prophète Mahomet" publiées par un journal au Danemark en 2005. Une flambée de violences anti-américaines a éclaté mardi dans le monde arabe et au-delà pour protester contre un film amateur dénigrant l'islam, "Innocence of Muslims" (L'Innocence des musulmans), tourné il y a plus d'un an aux Etats-Unis, et dont un extrait de 14 minutes a été mis en ligne. Mardi, le consulat des Etats-Unis à Benghazi, en Libye, a été attaqué, entraînant la mort de quatre Américains, dont l'ambassadeur. Des manifestations et heurts devant des ambassades américaines se sont soldés par la mort d'au moins onze manifestants, sept vendredi (quatre à Tunis, deux à Khartoum et un au Liban), et quatre au Yémen jeudi. Dans son intervention, Hassan Nasrallah a averti que "ceux qui ont écrit, mis en scène et produit ce film seront punis, où qu'ils soient, et personne ne peut les protéger". Il a également blâmé les Etats Unis, où le film a été produit: "les musulmans doivent dire aux Etats-Unis que cela s'est produit sur leur territoire". Face aux agressions contre leurs représentations diplomatiques, les Etats-Unis ont envoyé cent Marines en Libye et cinquante au Yémen, le Soudan refusant l'entrée de ces "forces spéciales". Washington a ordonné samedi soir l'évacuation de tout son personnel non essentiel de Tunisie et du Soudan. Réclamant l'adoption d'une résolution "dans les principales institutions internationales" afin "d'interdire les insultes aux religions", M. Nasrallah a enfin souhaité une réunion "urgente" de la Ligue arabe sur ce film. Peu après la fin de son discours, le chef de la diplomatie libanaise Adnan Mansour a indiqué en avoir fait la demande à l'organisation panarabe. Le chef du Hezbollah s'exprimait quelques heures après le départ du pape Benoît XVI, qui exhorté dimanche à Beyrouth les Libanais chrétiens et musulmans refuser tout ce qui pourrait les désunir et à opter pour la fraternité. Vendredi, au premier jour de sa première visite au Liban, un manifestant avait été tué et 25 autres blessés dans des heurts entre les forces de sécurité et des islamistes qui avaient auparavant incendié un fast-food américain pour protester contre ce film.