La justice égyptienne a demandé aux renseignements et à la police de fournir tout élément d'information sur le rôle éventuel de responsables islamistes dans des heurts place Tahrir au Caire vendredi, a rapporté mardi la presse gouvernementale. Le parquet général a ouvert une enquête sur la base de 53 plaintes déposées contre des membres du puissant mouvement des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, a indiqué le quotidien al-Akhbar. Essam el-Erian, chef du parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique de la confrérie, fait partie des personnalités accusées d'avoir organisé une manifestation qui a débouché sur les plus violents affrontements entre partisans et opposants de M. Morsi depuis son élection en juin. Les Frères musulmans avaient appelé à manifester pour protester contre les acquittements de 24 responsables et partisans du régime déchu de Hosni Moubarak accusés de violences durant le soulèvement populaire du début 2011. Les opposants à M. Morsi ont accusé cette manifestation d'être organisée pour contrer leur propre rassemblement prévu au même moment sur la célèbre place du centre du Caire pour protester contre la domination des islamistes sur la commission chargée de rédiger la future constitution. Les heurts, selon des témoins, ont commencé quand des partisans des Frères musulmans ont détruit un podium à partir duquel les adversaires du président lançaient des slogans. Environ 120 personnes ont été blessées. Les Frères musulmans de leur côté ont affirmé que ce sont leurs partisans qui ont été pris à partie, et accusé leurs détracteurs de diffamation. "Campagne pour s'en prendre aux islamistes", titrait mardi en première page le quotidien Liberté et Justice, organe du parti de la confrérie. Les affrontements ont eu lieu sur fond de bras de fer entre la justice et M. Morsi, qui a cherché sans y parvenir à écarter de son poste le procureur général Abdel Méguid Mahmoud. Nommé sous M. Moubarak, le procureur, soutenu par l'institution judiciaire, s'est appuyé sur le principe d'indépendance de la justice pour récuser sa nomination par l'exécutif comme ambassadeur auprès du Vatican.