Sur les hauteurs d'Atmé, une localité devenue une base-arrière des rebelles dans le nord-ouest de Syrie, une dizaine de nouvelles recrues du "bataillon 309" lisent le coran, assis en cercle autour d'un vieil imam. Les premières heures de la matinée ont été consacrées au jogging quotidien. Après l'enseignement religieux, ce sera l'entrainement sur un mini-parcours du combattant, puis les cours de tactique. Le "bataillon 309" est l'un des cinq groupes rebelles installés au grand jour à Atmé.A un jet de pierre de la frontière turque, ce gros bourg agricole de 6.000 habitants avant-guerre, 14.000 aujourd'hui avec les déplacés, vit au rythme de la rébellion et de ses "Katibas" (bataillons) en armes. Ici bat le coeur de la révolution contre le régime de Bachar al-Assad. "Tous nos chefs passent par là, politiques, militaires, islamistes", résume un notable pro-rebelle. Le "bataillon 309" a pris ses quartiers à la sortie nord. Le "bataillon des Faucons de l'islam" (Nossour al-islam) tient un check-point à une autre entrée de la localité. Les "Aigles de Damas" (Soqour al-Cham) occupent l'école. Les jihadistes du Front al-Nosra sont installés discrètement en centre-ville. A pied ou à bord de leur 4X4, les rebelles en armes sont partout, comme des poissons dans l'eau au milieu d'une population entièrement acquise à la cause de la révolution. La cohabitation entre différentes unités, notamment l'Armée libre syrienne (ASL) et les islamistes, se passe visiblement bien. "Nous avons le même ennemi", explique le chef de la "309", Abou Mahmoud. La plupart de ces hommes sont originaires du bourg ou de la région, à l'exception notable des jihadistes. Les "bataillons" d'Atmé vont de quelques dizaines de combattants --35 pour le "309"--, à plus d'une centaine pour le Front al-Nosra. Les troupes se relaient sur les différents fronts de la province d'Idleb et à Alep, revenant à intervalles réguliers à Atmé pour se reposer et faire le plein de munitions. La ville abrite des hôpitaux, garages et ateliers d'armes clandestins... Atmé est également une étape incontournable vers la Turquie voisine, que l'on passe illégalement sous les barbelés, ou via le poste-frontière voisin de Bab al-Hawa, où sont là aussi installées plusieurs katibas. La police a quitté les lieux il y a huit mois. Les administrations sont fermées. Cinq comités ont été mis en place, en charge notamment des réfugiés et de la santé. Comme avant la révolte, les différends familiaux et les litiges privés se règlent devant les "cheikhs" (notables) ou l'imam du quartier.