De Tunis, Hassane Zerrouky Sur le plateau de NessmaTV, le pr�sident du Syndicat des journalistes tunisiens (SNJT), et journaliste au quotidien de langue arabe Essahafa al Youm, Zied El Heni, a lanc� une v�ritable bombe. Il a affirm� qu�il connaissait l�un des commanditaires de l�assassinat de la figure de proue de la gauche tunisienne Chokri Bela�d. Il a cit� le nom de �Mehdi Zouari, le directeur g�n�ral des renseignements g�n�raux� lequel, a-t-il expliqu�, �a �t� r�cemment nomm� � ce poste� par un dirigeant d�Ennahdha Habib Ellouz. Le journaliste assure avoir �t� inform� par une source s�curitaire. Selon lui, Mehdi Zouari aurait recrut� �une vingtaine de jeunes qui ne figurent nulle part sur les bases de donn�es du minist�re de l�Int�rieur (�) et qui suivent un entra�nement quotidien en arts martiaux et en tir�. Convoqu� pour s�expliquer, le journaliste a d�clar� : �Si je n�avais pas cit� les noms, rien ne me garantissait d�arriver chez moi � ma sortie des plateaux de Nessma TV. N�oubliez pas que mon nom figure sur la liste des personnes � �liminer qui circulent ici et l� ! Un collectif d�avocats a pris l�affaire en main pour assurer sa d�fense. L�association des jeunes journalistes a demand� que l�on assure une protection � Zied El Heni �compte tenu de l�importance des informations qu�il a d�voil�es�. Habib Ellouz, le dirigeant d�Ennahdha incrimin� par le journaliste, a qualifi� les informations rapport�es d��aberrantes� et d�nu�es de tout fondement�. A son tour, un second journaliste, Sofiane Ben Farhat, convoqu� par la justice en qualit� de t�moin, a affirm� avoir re�u un SMS le 1er f�vrier de la part d�un commissaire de police requ�rant l�anonymat l�informant �qu�ils passeraient � l�acte prochainement� sans pr�ciser l�identit� des personnes d�sign�es, rapporte le journal La Pressede mardi. �Il a �galement re�u un deuxi�me SMS de la m�me personne confirmant ce qu�il avait annonc� auparavant�, poursuit le journal dont le journaliste est l�employ�. Enfin un troisi�me journaliste, Ramzi Bettai�b, abonde dans le m�me sens. Tous ont �t� auditionn�s par la justice. Une certitude � Tout-Tunis en parle � des photos de journalistes, de militants de gauche et de la soci�t� civile, � ex�cuter, circulent sur le Web, plus pr�cis�ment sur Facebook. Et parmi ces photos, celle de la figure de proue de la gauche tunisienne le d�funt Chokri Bela�d mais aussi de noms connus comme le pr�sident du Parti d�mocrate progressiste (PDP) Nejib Chabi, le journaliste et �crivain Tewfik Ben Brik, le doyen de la Facult� des lettres de la Manouba Habib Kazdaghli, le patron de Nessma TV Nabil Karoui, le directeur d'Attounissia TV, Sami Fehri, actuellement incarc�r� � la prison de la Mornaguia, la blogueuse Olfa Riahi, qui avait r�v�l� une affaire de corruption impliquant le chef de la diplomatie tunisienne. M�me le secr�taire g�n�ral de l�UGTT, Hocine Abassi, aurait �t� menac� de mort jeudi dernier si l�organisation syndicale appelait � la gr�ve g�n�rale en signe de protestation contre l�assassinat de Chokri Bela�d. Les progressistes et d�mocrates tunisiens ne prennent pas ces menaces � la l�g�re. �Ce n�est pas de la psychose. C�est du s�rieux�, affirme Hamadi Benyahia, sympathisant du Front populaire (rassemblement de plusieurs partis de gauche). Beaucoup, comme Riadh Benfadhel, coordonnateur du P�le d�mocratique moderniste (PDM) �voquent un risque de sc�nario � l�alg�rienne. Selon lui, �une ligne rouge a �t� franchie avec l�assassinat pr�m�dit� de Chokri Bela�d�. Et signe qu�il y a p�ril en la demeure, le si�ge du Front populaire, rue de Palestine, est sous haute surveillance polici�re. Sur ordre du chef de l�Etat Moncef Marzouki en personne, des policiers assurent la protection de Hama Hammami, le porte-parole du Front populaire. Toujours est-il que ces menaces se greffent sur une atmosph�re lourde, d�l�t�re, faite de suspicions, de crise au sein d�Ennahdha opposant le Premier ministre Hamadi Jebali � la direction du parti et en particulier � Rached Ghanouchi, qui se double d�une crise au sein m�me de la coalition gouvernementale. De quoi s�agit-il ? A la suite de l�assassinat de Chokri Bela�d, et afin de d�samorcer une crise de plus grande ampleur, le Premier ministre Hamadi Jebali, avec le soutien des capitales occidentales, a propos� la formation d�un gouvernement de comp�tences nationales sans appartenance partisane jusqu�� la r�daction de la Constitution et la tenue des �lections, proposition � laquelle s�est oppos�e la direction d�Ennahdha laquelle a estim� qu�elle n�engageait pas le parti. Mais aussi le CPR (Congr�s pour la R�publique) dont est membre le chef de l�Etat tunisien qui pr�ne tout comme Ennahdha un gouvernement de coalition � la condition toutefois, pr�cise le CPR, que les minist�res de souverainet� ne soient pas d�tenus par des islamistes comme c�est le cas actuellement pour les minist�res de l�Int�rieur, de la Justice et des Affaires �trang�res. Auquel cas, il retirera ses cinq ministres du gouvernement. De mauvaises langues expliquent que la menace de retrait de ses ministres par le CPR n�a pour seul et unique objectif que d�emp�cher la formation d�un gouvernement de �technocrates� ! Quant au troisi�me parti membre de la coalition gouvernementale, Ettakatol (centre gauche) de Mustapha Benjaafar, l�actuel pr�sident de l�Assembl�e constituante, il soutient la d�marche du Premier ministre ! Une chose est s�re : le meurtre de Chokri Bela�d, qui est intervenu au moment o� ce dernier �tait sur le point de r�ussir � mettre en place un large front allant des partis de gauche aux lib�raux, n�a pas eu l�effet escompt�, celui de disloquer les partis de gauche et progressiste. Ses obs�ques qui se sont transform�s en une gigantesque manifestation anti-islamiste, que d�aucuns ont qualifi�e � juste titre de sursaut national, n�ont peut-�tre pas tout � fait chang� la donne, mais ce sursaut populaire d�note que rien n�est encore jou� en Tunisie car, contrairement � ce que rapportent de nombreux m�dias, les islamistes tunisiens disposent encore de ressources.