Des propos de l'ex-président de droite Nicolas Sarkozy, justifiant la nomination d'une de ses ministres en 2007 par ses ascendances maghrébines, ont provoqué mercredi une polémique en France où certains lui reprochent de vouloir diviser les citoyens. Alors qu'il entendait célébrer lors d'un meeting mardi soir dans la banlieue parisienne une France "ouverte", l'ancien chef d'Etat (2007-2012) a brouillé son message en deux formules équivoques. "Je m'étais dit que Rachida Dati, avec père et mère algérien et marocain, pour parler de la politique pénale, cela avait du sens", a-t-il dit en revenant sur le choix de cette personnalité pour le ministère de la Justice en 2007. Après sa nomination, la nouvelle Garde des Sceaux, aujourd'hui eurodéputée, avait assuré à l'époque: "Pour lui, je ne suis pas l'Arabe de service". Mercredi, les critiques pleuvaient à gauche comme dans le camp de l'ex-président. Les plus modérés parlaient de "bourdes", les plus virulents de racisme. "Lorsque vous parlez toujours des origines et de la couleur de la peau, d'une certaine manière, vous faites des catégories différentes de citoyens et ce n'est pas ma vision des choses", a réagi mercredi le centriste François Bayrou, président du Mouvement démocrate (Modem). "Je pense que ce que la France a de plus important, c'est de regarder les gens non pas en fonction de leur origine, mais de la citoyenneté qu'ils portent", a-t-il déclaré sur la chaîne I-Télé. "Pas acceptable", "un dérapage", a tancé le député de droite Hervé Mariton, rival de Nicolas Sarkozy pour la présidence de la formation de droite UMP à pourvoir ce week-end. "Sarkozy tout fier d'avoir mis en oeuvre la discrimination positive qu'il chérit tant. Cette pratique est profondément antirépublicaine", a grincé de son côté Nicolas Bay, du parti Front national (extrême droite). Pour le socialiste François Kalfon, c'est "Sarkozy sortant de route en mentionnant les origines de Rachida Dati". "Je ne suis pas raciste, j'ai embauché Rachida Dati", a résumé ironique l'organisme SOS Racisme dans un tweet. Porte-parole de Nicolas Sarkozy, le député Gérald Darmanin a pour sa part dénoncé "un procès absolument scandaleux" fait à l'ancien président qui "a essayé de bousculer la représentation des élites car la France est diverse". La France compte la plus grande communauté musulmane en Europe avec entre 3,5 à cinq millions de personnes. Après avoir annoncé son retour en politique à la fin de l'été, Nicolas Sarkozy, chef d'Etat de 2007 à 2012, s'apprête à reprendre samedi lors d'une élection interne le contrôle de son parti UMP, avec en ligne de mire la prochaine présidentielle de 2017.