Le président malien reconnait qu'au sujet de la libération de 4 membres du GSPC, il a agi au bénéfice de la France«C'était la décision la plus importante et la plus difficile que j'ai prise de ma vie : que faire ? Je ne négocie rien et j'abandonne la vie de Pierre Camatte ou bien fallait-il négocier ? Pierre est notre hôte et la France est un pays ami. Nous avons libéré ces gens après les avoir jugés et nous avons récupéré Pierre Camatte. Il y a deux écoles qui s'affrontent», a reconnu le président malien, Amadou Toumanou Touré, dans un entretien diffusé hier par la radio RFI et TV5 Monde, quant à la libération, en février de l'année en cours, de quatre membres du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), dont deux Algériens, en contrepartie de la libération du Français Pierre Camatte, enlevé par cette organisation terroriste. Ceci est un aveu quant à la pression exercée par la France de Nicolas Sarkozy pour satisfaire la revendication de l'organisation de Abou Mossaâb Abdelouadoud, actuel émir national du GSPC, même si la libération de ces individus a eu lieu de façon un peu déguisée, sous la forme d'un procès au terme duquel ils ont été relâchés, condamnés à une peine égale à celle déjà purgée. «Dès qu'on commence à négocier, nous sommes dans une position de faiblesse. La solution, c'est le travail en amont, il faut faire en sorte qu'il n'y ait pas de prise d'otages», a expliqué le président malien. A ce titre, des observateurs de la scène sécuritaire répondent au président malien que «justement, répondre favorablement aux revendications du GSPC par le versement de rançons ou la libération de ses membres ne peut qu'encourager cette organisation terroriste à commettre d'autres rapts». «Le GSPC a perpétré son premier rapt en 2003 de 32 touristes européens, les individus faisant partie de cette organisation terroriste, ayant participé à cette opération, aujourd'hui entre les mains de la justice, soutiennent que l'idée de procéder à ces enlèvements était venue spontanément, elle n'a pas été décidée ni planifiée préalablement. Cette organisation a été encouragée avec l'obtention d'une rançon de 5 millions d'euros et, de cette façon, elle a continué à enlever d'autres Occidentaux, à organiser d'autres rapts et obtenir, depuis, comme l'a annoncé Abderrezak Bara, conseiller à la présidence algérienne, 50 millions d'euros», explique-t-on. «La libération de quatre membres du GSPC, comme exigé par cette organisation, ne peut qu'encourager celle-ci à prendre en otages d'autres Occidentaux, acheter des armes et des munitions, et financer les activités terroristes de cette nébuleuse, faisant malheureusement de nouvelles victimes en Algérie et dans d'autres pays», ajoute-t-on. Le GSPC ne peut renoncer, s'il n'est pas contraint de le faire, à cette importante manne financière que constitue pour lui le versement de rançons. Il est à rappeler que l'Algérie et la Mauritanie, qui compte un ressortissant parmi les quatre membres du GSPC libérés, avaient dénoncé cette libération et, en forme de protestation, ont rappelé leurs ambassadeurs au Mali. «Nous avons permis à tous les pays riverains de faire des poursuites si éventuellement les assaillants rentraient en territoire malien», a rappelé Amadou Toumani Touré. Ce qui est vérifié avec l'opération de l'armée mauritanienne actuelle contre des membres du GSPC au Mali, causant des pertes importantes chez les deux parties. Cependant, la coopération entre les Etats du Sahel, en matière de lutte contre le terrorisme, notamment par l'échange de renseignements, la lutte contre le blanchiment d'argent effectué, éventuellement, par les émirs de cette organisation terroriste, et le refus de toute négociation avec le GSPC et tout versement de rançons, à celui-ci, ne peut être que salutaire pour ces pays. A l'instar d'autres pays, la France est beaucoup plus préoccupée par la vie de ses ressortissants, ce qui est compréhensible du point de vue humanitaire, que par la manière avec laquelle le GSPC utiliserait l'argent provenant du payement de rançons, ni du renforcement de cette organisation terroriste en effectifs, après la libération de ses membres, oubliant que ces sommes serviront à l'enlèvement d'autres otages parmi les Occidentaux. Ces approches différentes entre la politique sécuritaire algérienne et celle française, vis-à-vis du GSPC, risque de créer une brume dans le ciel des relations entre les deux pays.