ANNABA (Algérie), 11 oct. 2010- Le directeur général par intérim de deux mines d'acier de l'est algérien d'ArcelorMittal Tébessa a été entendu lundi par la justice régionale dans une affaire de détournement de 6 millions d'euros, a-t-on appris de source judiciaire. Abdelouahab Bouchama a toutefois été laissé en liberté provisoire, mais il lui est demandé de répondre aux convocations de la justice et de ne pas quitter les limites territoriales des deux mines d'Ouenza et Boukhadra de cette filiale d'ArcelorMittal, située non loin de la frontière tunisienne. L'ancien directeur des mines, Omar Benabderahmane, également visé par la justice dans cette affaire qui concerne aussi une accusation d'abus de biens sociaux, faux et usage de faux, est en fuite. Il est activement recherché. Des sources proches de l'instance judiciaire ont aussi indiqué qu'au moins six autres personnes, des sous-traitants qui auraient bénéficié de contrats de complaisance avec ArcelorMittal Tébessa, sont susceptibles d'être impliqués pour fausses facturations. L'affaire avait éclaté en mars 2009 suite à une dénonciation écrite anonyme adressée à la Cour de justice de Tébessa. L'enquête a duré près de 16 mois et porte sur la gestion des mines durant la période d'avril 2007 à janvier 2009. Le 6 juillet, le tribunal avait lancé un mandat d'arrêt à l'encontre de l'ex-directeur général Benabderahmane, qui devait être entendu pour passation de marchés en contradiction avec la réglementation en vigueur. Il n'a pas répondu aux convocations et a disparu. La chambre d'accusation de Tébessa s'est ensuite prononcée, le 20 juillet, pour la mise sous mandat de dépôt de quatre des six entrepreneurs et prestataires, presque tous domiciliés à l'Ouenza. Ils sont suspectés de fausses factures et d'encaissement indus. Estimant avoir été injustement lésés, ces derniers clament leur innocence et accusent les enquêteurs de chercher à les épingler afin d'épargner les véritables auteurs de malversations. Une enquête plus approfondie doit évaluer le montant réel du préjudice financier subi par ArcelorMittal Tébessa, fixé pour l'heure à près de 600 millions de dinars algériens (environ 6 millions d'euros). L'enquête vise également à déterminer les responsabilités des acteurs incriminés. ArcelorMittal Tébessa est une filiale d'ArcelorMittal Algérie. Elle emploie 700 personnes et se distingue des deux autres filiales ArcelorMittal Annaba (complexe d'El Hadjar) et ArcelorMittal Pipes and Tubes, laquelle fabrique des pipelines et tubes sans soudure. L'entreprise ArcelorMittal Tébessa est actionnaire majoritaire (70%) dans les deux mines de l'est en partenariat avec le groupe algérien Ferphos. Ces mines sont exploitées depuis les années 40 mais le groupe indien n'est arrivé en Algérie qu'en 2001.