ALGER - Les consultations ordonnées par le président Abdelaziz Bouteflika en faveur de réformes politiques en Algérie commencent samedi, sans la participation de plusieurs partis et personnalités d'opposition qui n'en attendent rien. * Elles préparent l'introduction avant la fin de l'année de réformes promises par le président dans son discours du 15 avril, en réponse aux incessantes manifestations sociales et politiques: une révision des lois électorale et sur les partis politiques notamment. * * Une modification de la Constitution de 1996 est aussi prévue mais ne sera effective qu'après les législatives de 2012. * * Le président du Conseil de la Nation (Sénat) Abdelkader Bensalah, chargé de sonder partis politiques et personnalités en vue de réformer les institutions, est flanqué de deux conseillers du chef de l'Etat, le général Mohamed Touati et l'ancien ministre Mohamed Ali Boughazi. * * Le choix de ces personnalités suscite nombre de critiques. * * Ainsi juge Moussa Touati, le chef du parti d'opposition Front National Algérien (15 députés): "Bouteflika ne peut pas choisir une personnalité neutre". Le chef de l'Etat "doit défendre et protéger le système" qui l'a placé à ces fonctions, estime-t-il sans dire si son parti boycottera ces consultations. * * Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, 19 députés, opposition) de Saïd Sadi, rejette l'initiative présidentielle. * * "L'époque des bricolages politiques est révolue", affirme le RCD, membre de la Coordination pour le changement et la démocratie (CNCD) née début janvier après les émeutes sanglantes contre la cherté de la vie, qui avaient fait cinq morts et des centaines de blessés. * * Ce projet, dit-il, est un "monologue contre le changement". * * Même refus de la part du Front des Forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed, non représenté au parlement pour avoir boycotté les dernières élections de 2007. * * "Nous attendons des actes concrets vers le changement afin de rétablir la confiance dans le pouvoir et dans l'Etat, et non pas du bricolage", déclare son premier secrétaire, Karim Tabbou. * * Au sein de l'autre aile de la CNCD, dite Barakat, Mustepha Bouchachi, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) "ne peut pas se prononcer". "Est-on invité, s'est-il interrogé ?" * * La presse francophone ironisait jeudi sur l'initiative présidentielle, un commentateur d'El-Watan jugeant que le pouvoir "se retrouvera à se consulter lui-même, quitte à susciter la participation de sa traditionnelle clientèle qu'il présentera comme autant de contributions externes au régime". * * Dans le camp du pouvoir, au sein de l'Alliance tripartite tout le monde est fin prêt. Ainsi le Front de libération nationale (FLN, 136 députés), a mis en place cinq groupes de travail composés de cadres du parti, de professeurs et de spécialistes en jurisprudence constitutionnelle pour élaborer ses propositions. * * L'autre parti de l'Alliance, Rassemblement national démocratique (RND, 62 députés) du Premier ministre Ahmed Ouyahia, juge que ces réformes devront répondre "aux attentes de la majeure partie de la classe politique" et le troisième, le Mouvement de la société pour la Paix (MSP, islamiste, 51 députés), y voit "un pas en avant". * * Tous les jours quasiment depuis le début de l'année, des manifestations, marche, sinon émeutes, émaillent la vie des Algériens. Les protestataires réclament des augmentations de salaires, auquel le gouvernement répond au coup par coup, mais aussi de l'emploi, des logements ou montrent tout simplement le mal-être d'une jeunesse qui se sent oubliée, dans le sillage des révolutions arabes en cours. *