Le président Abdelaziz Bouteflika a annoncé lundi, en conseil des ministres, la tenue imminente de rencontres en vue de recueillir les propositions des partis et des personnalités sur l'ensemble des réformes annoncées, notamment la révision constitutionnelle, consacrant ainsi de manière solennelle le principe démocratique du dialogue et de la concertation avant toute entreprise engageant l'avenir de l'Etat républicain. «Les partis politiques et les personnalités nationales seront largement consultés sur toutes les réformes politiques à promouvoir», a indiqué le chef de l'Etat, confirmant ainsi les engagements qu'il avait pris et annoncés lors de son discours télévisé à la nation du 15 avril dernier. Les observateurs n'avaient pas manqué de relever que ce discours traduisait déjà une quête de consensus national et annonçait le début d'un processus de réformes politiques incluant l'ensemble des citoyens et des forces politiques présentes, au nom des principes démocratiques de la concertation et de la participation à tous les niveaux de la vie nationale. Il en est ainsi de l'annonce de la création d'une commission constitutionnelle appelée à regrouper les formations politiques «agissantes» de différentes sensibilités et de courants de pensée divers, ainsi que des constitutionnalistes avérés. Corollaire nécessaire et premier pas vers la refonte recherchée du dispositif législatif sur lequel se fonde la pratique démocratique, la révision annoncée de la loi sur les partis politiques doit permettre, elle aussi, une contribution «plus efficace» des partis au processus de «renouveau» du pays, avait assuré le Président. Et pour associer toutes les franges de la société, le président de la République avait fait état de la promulgation, avant les prochaines échéances électorales en 2012, de la loi organique relative à la représentation des femmes au sein des assemblées élues. Toujours au nom de la démocratie à consolider par la consultation permanente, le président Bouteflika avait annoncé une révision «profonde» de la loi électorale, afin de permettre aux citoyens d'exercer leur droit électoral dans des conditions «empreintes de démocratie et de transparence». A ce sujet, il a mis au centre de ses préoccupations la participation de tous les partis politiques agréés, qu'ils soient représentés ou non au Parlement, pour l'élaboration du nouveau système électoral recherché. Une première C'est sans doute la première fois en Algérie que les partis politiques sont ainsi appelés à jouer un rôle actif dans l'élaboration d'un système électoral, en rupture avec une pratique qui voulait que le gouvernement élabore un projet de loi électoral puis le soumet au vote du Parlement. Le Président l'a aussi voulu: la nouvelle loi électorale doit codifier des mesures capables de garantir la transparence et la régularité des scrutins, y compris par la supervision des élections par des observateurs internationaux, et, là aussi, en concertation avec tous les partis agréés. Le chef de l'Etat répond, dans le même cadre, à une autre attente, celle relative aux cas d'incompatibilité avec le mandat parlementaire, qui sera satisfaite à travers une loi organique à introduire en conformité avec la Constitution. Même la «bataille» à livrer aux fléaux sociaux «ne peut être remportée, a dit M. Bouteflika dans son discours à la nation, qu'avec la participation de toutes les catégories de la population». Autre tâche collective qu'il appelle de ses voeux et qui touche cette fois au pays profond: «une concertation sera engagée, dès cette année, au niveau local avec les citoyens, les élus, le mouvement associatif et l'Administration pour définir les objectifs d'un meilleur développement local» avec un «renforcement des prérogatives des assemblées élues», y compris à travers une révision du code de la wilaya. La réhabilitation du mouvement associatif en tant qu'espace d'arbitrage et d'intermédiation entre gouvernants et gouvernés s'insère bien dans cette perspective stratégique de tout entreprendre dans la concertation. En réponse à une autre préoccupation fondamentale pour le renforcement de la démocratie, le président Bouteflika avait annoncé une nouvelle loi sur l'information qui compléterait la législation actuelle, introduirait des repères pour l'élaboration d'une charte déontologique, et consacrerait surtout la dépénalisation du délit de presse.