Sa chanson « nemfaraq ur nxemmem », (on s'est séparés sans réfléchir) qui parle de blessures sentimentales a fait pleurer plus d'un, parce qu'authentique et sincère. Elle y raconte sans fard, ni fioritures, l'histoire, triste, d'un couple séparé, défait, sans en mesurer préalablement les conséquences. Nouara n'est pas venue fortuitement à la chanson. Elle fait ses premiers pas dans la célèbre émission enfantine de la Radio Nationale que dirige au lendemain de l'indépendance Mohamed Benhanafi. Cherif Kheddam, l'un des noms incontournables de la chanson algérienne, la découvre, alors elle fait partie de la troupe théâtrale en question. Il lui met les pieds à l'étrier pour s'imposer, quelques années plus tard, sur la scène artistique nationale. Quand on évoque Nouara, on pense directement à Cherif Kheddam auquel elle doit en partie sa réussite. Les duos qu'ils enregistrent pendant une vingtaine d'années sont immortels. « Ula d-nek yuar ad ttugh » (Il m'est difficile d'oublier moi aussi) est parmi les chansons inoxydables léguées à la postérité par la diva et son maître. Durant sa longue carrière, ponctuée par de riches rencontres artistiques, Nouara a travaillé avec d'illustres chanteurs, musiciens et compositeurs. Elle a donné la réplique, entre autres, à Matoub Lounes, Mhenni et Farid Feragui. Nouara a gardé son humilité, malgré sa réussite. En reconnaissance à son apport à l'enrichissement de notre culture et pour la sauvegarde du patrimoine algérien, le ministère de la Culture lui a rendu dernièrement un vibrant hommage, en présence des chanteurs Aït Menguellet, Hassan Abassi, Akli Yahyaten, du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, et du Secrétaire général de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd. A la mémoire des défunts Khelifi Ahmed et Cherif Kheddam, deux monuments de la chanson algérienne, une minute de silence a été observée avant l'ouverture de la cérémonie. Nombreuses, les familles présentes et qui durant cet hommage ont redécouvert avec émotion la voix d'or de Nouara qui n'a pas pris une ride. En effet, en dépit des années, la chanteuse garde toujours sa belle voix. Lorsqu'elle entonne l'une de ses plus belles chansons : « the-chname ak a feziniw » (vous avez tous chanté ma beauté), l'assistance est émue presque en larmes. Applaudissements et youyous stridents de remerciement ont fusé dans toute la salle. Présents à cette cérémonie, les chanteurs Ali Meziane, Kahina et Nacera ont chanté quelques titres de Nouara. A l'issue de la cérémonie, la diva s'est dit heureuse d'être parmi les siens. « Je vous aime et je vous remercie d'avoir pensé à moi et de m'avoir honorée », a-t-elle avec émotion. De son côté, la ministre a affirmé que la voix de Nouara « est rare et unique ». Elle a également mis l'accent sur l'importance de la mise en place d'une chorale pour reprendre le flambeau, soulignant la nécessité de la révision du statut de l'artiste. Par ailleurs, les artistes présents à cet hommage, ont rendu à l'unanimité honneur à la grande dame à la voix unique, rappelant la contribution inestimable de celle-ci à la promotion de notre culture ancestrale. La diva, rappelons-le, n'est pas remontée sur scène depuis seize ans. Son dernier gala remonte à 1996 à Tizi-Ouzou, où des milliers de personnes sont venues l'écouter et admirer sa douce voix. Il convient de rappeler que Nouara, de son vrai nom Zahia Hamizi, a vu le jour à Azazga en 1945. Elle a entamé sa carrière durant les années soixante. Dès son jeune âge, elle était fan de la chanteuse Ourida qui a connu la gloire durant les années cinquante et soixante. Nouara a chanté l'amour, la vie, l'immigration. Elle compte plusieurs succès artistiques, dont « ayn our tezrid », (Ce que tu ne sais pas), « ayemma azizen » -(Chère maman) et « asmaken nemyoussen » (Le jour où l'on s'est connus).