Le personnel médical que nous avons rencontré au niveau du CPMC souffre, de son côté, par le fait de ne pouvoir porter l'assistance nécessaire à des malades en sursis. « La pénurie de médicaments persiste », a indiqué un médecin. Selon ses propos, de nombreux médicaments se font rares au niveau de la pharmacie du service et celle de l'hôpital, surtout ceux de la nutrition parentérale comme l'Intralipide et le Nutrilamine, mais également les médicaments anti douleur comme le Tamgesic. Sa consœur qui attendait notre visite sort de sa poche la nomenclature non exhaustive des médicaments en manque au niveau du CPMC. L'ensemble du personnel s'inquiète également des conditions d'hospitalisation d'une catégorie de malades et le manque de matériel. « Les malades cancéreux en aplasie (en état d'extrême fragilité immunitaire) subissent de mauvaises conditions d'isolement avec risque de contamination par une flore hospitalière résistante, d'où la nécessité parfois de recourir à une antibiothérapie intensive qu'on réserve aux infections sévères et résistantes à germes nosocomiaux » a affirmé un médecin. Mais, selon ses explications, les médecins, là encore, sont de plus en plus démunis, pour combattre les infections rebelles en raison de la pénurie de Fortum. Dans le grand hall du centre, des centaines de personnes attendent pour rendre visite aux malades. Chacun raconte l'histoire et l'état de santé du malade hospitalisé(e). Une maman d'un enfant, âgé d'à peine trois ans, atteint d'un cancer de l'œil et qui nécessite une chimiothérapie pour lui sauver son œil se lamente du manque de médicaments même dans les pharmacies les plus connues. Le traitement qui lui a été transcrit est composé de différents produits. En attendant l'arrivée du fameux médicament, les thérapeutes ne font que « cerner le mal » pour ne pas se propager. Comme cet enfant plusieurs malades souffrent des lenteurs des soins adéquats. Ils sont Plusieurs à attendre les soins nécessaires. TRISTESSE ET INQUIETUDE DES PARENTS DES MALADES Il est 13h, c'est l'heure des visites. A l'intérieur des blocs, la grande majorité des malades ont le visage pâle et grave, les traits tirés et souvent le crâne à ras. Dans les couloirs les visiteurs se croisent, se saluent et s'enquièrent de l'état de santé de leurs malades respectifs. « A force de venir ici, des liens forts se tissent entre parents de malades. Un peu comme une grande famille », nous dira la mère de Fayçal, un patient hospitalisé. Malgré sa pâleur, le visage de l'enfant allongé, pendant quatre mois, sur le lit se réjouit en voyant sa maman. Ce dernier souffre d'une tumeur au foie depuis la fin de l'année dernière. « Entre les visites, les contre-visites, les analyses et les examens qui n'en finissent pas, les traitements palliatifs et autres, il m'aura fallu des mois avant qu'il soit admis au CPMC. Nous pensions qu'une fois ici, nos souffrances allaient enfin prendre fin, mais nous continuons toujours à nous battre », relate la maman. Les défaillances dans la prise en charge des cancéreux ont décidé autrement, selon elle. Elle explique qu'« en temps normal, il faut patienter plusieurs semaines avant d'être opéré. Mais les grèves des différents auxiliaires de la Santé ont aggravé les délais d'attente ». Un employé du service nous fait savoir que « le cas de ce malade est quelque peu délicat et son intervention « nécessite des médicaments que nous possédons pas en ce moment. Ce qui explique le retard de son intervention ». Ainsi, chaque minute est un calvaire pour les patients. Et plus l'on repousse l'intervention, plus les douleurs sont intenses. « En raison de la mauvaise distribution des médicaments, les jours passent et la maladie s'aggrave, les cellules cancéreuses prolifèrent et les chances de survie s'amenuisent », ajoute la même source. Un autre médecin a indiqué que, concernant la situation de cet enfant, « il y a beaucoup de facteurs dont l'un est lié à la radiothérapie ». Les rendez-vous de la radiothérapie sont déjà enregistrés jusqu'au mois d'octobre 2012, selon lui, précisant qu'un malade atteint de cancer ne peut pas rester six mois sans traitement alors que le plus grave, selon des associations, est que 80% des malades absents au RDV sont déjà morts », s'est-il indigné. Ceux qui attendent les séances de chimiothérapie souffrent davantage. « C'est insupportable pour cette catégorie de malades, même si certains d'entre eux sont conscients qu'ils sont en situation de sursis », s'indigne le mari d'une femme, infirmier dans une clinique privée. La pénurie de médicaments a duré longtemps, des médicaments plus qu'indispensables dans la lutte contre certaines formes de cancer.