L'événement ne laisse personne indifférent et chacun le décrypte à sa manière. Le débat autour de l'abstention, du multipartisme, du développement ou de la notion de changement était éminemment politique. La démocratie n'a jamais été une juxtaposition d'avis identiques. Elle est même le contraire. Dans presque toutes les wilayas, les citoyens furent conviés à écouter des leaders défendre leurs visions des problèmes du pays et leurs propositions pour améliorer la performance des entreprises et le niveau de vie du citoyen. Les dirigeants des partis se sont livrés à de véritables marathons aux quatre coins du pays. Beaucoup de localités sont sorties de leur torpeur quand dans d'autres, les manifestations politiques ont rencontré ce désintérêt. Alger, comme d'habitude, étant réservée aux derniers meetings, pour une sorte de testament, récapitulant les dernières recommandations à l'adresse des électeurs. Ouyahia, Belkhadem, Djaballah, Touati y sont annoncés aujourd'hui. Les médias se sont aussi mis de la partie. Ils ont eu le loisir d'offrir à l'opinion, outre les interventions des candidats, des émissions marquées par l'audace et la liberté de ton. La plupart des candidats qui ont eu recours également à des sorties de proximité, voire au « porte-à-porte », auront fait ressortir la nécessité « d'un changement pacifique ». D'autres leaders, à l'exemple de Belkhadem et d'Ouyahia, ont mis en valeur les réalisations et mis en garde contre la « déstabilisation de faux printemps » dont ils ont essayé de clarifier les enjeux cachés. Le caractère important et crucial de cette élection avait poussé le président de la République à monter au créneau à plusieurs reprises pour appeler les Algériens aux urnes. Il n'a pas manqué alors de comparer ce rendez-vous électoral « à un nouveau 1er Novembre ». La campagne n'aura pas manqué d'innovations et d'originalités. Des partis et des personnalités, qui ont longtemps attendu des agréments comme Mohamed Saïd, Menasra, Benyounès ou Djaballah, sont rentrés cette fois-ci dans l'arène. Le FFS a renoué aussi avec le processus électoral longtemps boudé par sa direction. Les femmes, 120 à 130 seront présentes dans le futur parlement, ont investi en force les listes, et des partis, à l'exemple d'El Adala, disposent de chaînes de télévision. Comme toute campagne, elle n'aura pas manqué d'enregistrer des échanges à fleuret moucheté, entre les différents partis, sur l'islam, le terrorisme, le statut de la langue tamazight ou la gestion de l'économie. RÈGLES DE TRANSPARENCE ET DE REGULARITE L'administration et les services de sécurité ont pris des mesures et mis en place des dispositifs pour en assurer le bon déroulement sur le plan technique. La commission nationale de surveillance des élections, composée des représentants des partis, et la commission de supervision, constituée de magistrats, instituée pour la première fois, se veulent les gardiens des règles de transparence et de régularité. La première n'a pas hésité à pointer du doigt de multiples dysfonctionnements (recours aux moyens de l'Etat, favoritisme de l'ENTV, affichage anarchique, walis qui violent la loi électorale ...) A maintes reprises, les plus hautes autorités de l'Etat ont réaffirmé l'engagement de l'administration à assurer le déroulement en présence d'un demi-millier d'observateurs internationaux. M. Ould Kablia, le ministre de l'Intérieur, au cours de sa dernière rencontre avec eux, a mis en garde les walis contre toute tentative de fraude. En dernière instance, loin des promesses des uns et calculs et des spéculations des autres, la parole et la décision reviendront aux Algériens.