L'action du croyant ne revêt le caractère cultuel que quand elle est précédée de l'intention sincère d'amour et de soumission à l'égard d'Allah. Cela dit, l'acte du croyant trouvera toute sa pertinence au moment où il est accompli dans la clairvoyance : «Voici ma voie ! J'appelle les hommes à Dieu, moi et ceux qui me suivent, en toute clairvoyance, et je ne suis pas, par la grâce du Seigneur, du nombre des idolâtres.»[1] La clairvoyance, plus pertinente que sa «physiologie», couvre un champ de représentations et de conceptualisations beaucoup plus large que le simple regard de l'œil. En effet, le musulman est souvent invité dans le coran à porter un regard sur l'Univers, sur les objets qui le constituent, sur le monde et ses événements, sur les civilisations, et les cités de jadis, sur la nature et par conséquence l'environnement. Pour cela le musulman avait été invité (dés la révélation première) à être l'homme du savoir «Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l'homme d'une adhérence. Lis! Ton Seigneur est le Très Noble, qui a enseigné par la plume (le Qalame), a enseigné à l'homme ce qu'il ne savait pas.»[2] La science est, pour le croyant, l'outil primordial pour aborder l'univers et se rapprocher de son créateur. Allah invite l'humain à le reconnaître grâce au savoir, ensuite de croire en en sa majesté, et enfin lui demander l'absolution : «Sache donc qu'en vérité il n'y a point de divinité à part Allah et implore le pardon pour ton péché, ainsi que pour les croyants et les croyantes. Allah connaît vos activités (sur terre) et votre lieu de repos (dans l'au-delà).»[3] Le musulman clairvoyant sera aussi celui qui tentera de comprendre la place qu'il occupe dans la dynamique mondiale. Son regard doit porter sur lui-même mais aussi sur son devenir. Le continuum de sa voie (celle tracée, par Allah) est lumière certes. Mais il a la lourde responsabilité de préserver et propager cette voie. Il se doit donc d'être habilité à comprendre tous les enjeux dans le monde et l'évolution des idées. C'est ainsi qu'il entreverra peut être qu'après l'épisode de crise d'inter- religions, les prémices d'un d'éclairci qui apparaissent. Le musulman aura peut être à tourner son regard sur l'autre et déceler que de nouveaux horizons peuvent s'ouvrir et que des crises peuvent se dénouer. Ceci supposerait la prédisposition, chez lui à perdre une partie de son narcissisme en faveur de l'autre et découvrir la naissance un peu partout sur la planète bleue d'une prise de conscience, du rejet de la violence, du refus des injustices et du colonialisme, et de la naissance d'une quête de paix, et d'une solidarité avec les opprimés. Cela suppose, chez le musulman d'une capacité de renaissance du soi et la potentialité d'engager des sentiments d'amour là où la confusion et une suite de traumatismes l'ont engagé sur le chemin de la haine ou le dénigrement de l'autre. L'homme sage comprendra qu'il est invité à la rencontre du monde. Un monde pluriel qui a évolué. Un monde qui peut engendrer le beau comme l'immonde. Un monde où, par survie, le croyant se doit d'être interactif dans la nouvelle synergie. (A suivre) [1] Sourate Youssef verset 108 [2] Sourate Al Alaq versets 1 à 5 [3]Sourate Mohamed verset 19