La crise qui secoue, depuis plus d'une année, la Syrie s'est étendue au Liban voisin. Michel Sleiman, le président de la République, a convoqué, hier après-midi, le Conseil supérieur de défense pour une réunion d'urgence. Les violents affrontements qui ont éclaté samedi se sont poursuivis hier, dans la grande ville du nord, Tripoli, à majorité sunnite entre deux quartiers, l'un sunnite, Kobbé, hostile au pouvoir syrien, et l'autre alaouite, Jabal Mohsen, sympathisant du régime de Bachar Al Assad. Une centaine de jeunes islamistes avaient dressé un camp à l'entrée sud de Tripoli, et planté des drapeaux noirs sur lesquels était écrite la profession de foi musulmane, ainsi que des drapeaux de l'indépendance syrienne, symbole de la rébellion dans ce pays voisin du Liban. Des tirs ont ensuite éclaté lorsque ces jeunes, également sympathisants de la « révolte » syrienne, ont tenté de s'approcher d'un bureau du Parti social nationaliste syrien, une formation libanaise pro-Assad. Dominé par le camp du Hezbollah, le gouvernement libanais a été l'un des rares pays arabes avec l'Irak à exprimer son soutien total au régime d'Al Assad, depuis le début de la crise. L'armée libanaise mène, en effet, une lutte sans relâche contre les éléments de l'opposition armée qui passent et font transiter des armes clandestinement depuis ses frontières. Par ailleurs, le chef des militaires dissidents de Syrie (l'Armée syrienne libre), le colonel Riad Assaad, a accusé, hier, le régime syrien d'être de mèche avec Al Qaïda et d'avoir monté les récents attentats de Damas et Alep. « Nous savons que le régime syrien a joué le rôle d'officier de liaison en Irak entre Al Qaïda et d'autres organisations, et nous savons que les éléments d'Al-Qaïda sont liés aux services de renseignement de l'aviation syrienne », a-t-il déclaré à un quotidien koweïtien Al Raï. Le chef de l'ASL, s'exprimait en écho aux déclarations du secrétaire d'Etat américain à la défense, Leon Panetta, attestant de la présence de djihadistes en Syrie, mais également pour démentir les accusations de Damas le soupçonnant de liens avec l'organisation terroriste.