De toutes les façons, l'avènement de cette industrie n'a jamais été envisagé du jour au lendemain, ce sera plutôt le résultat d'un travail et d'efforts de longue haleine que l'Etat doit mener en associant, dans le cadre d'une dynamique qui demeure à construire, les opérateurs publics et privés du secteur. Pour ce qui est des attentes immédiates des touristes algériens qui voudraient profiter de meilleures conditions de séjour touristique en vue de profiter de vacances estivales et autres dans leur propre pays, si elles sont en cours de prise en charge, dans le cadre de la même politique d'investissements et de développement touristique, elles ne peuvent être que partiellement satisfaites et, à chaque saison, en direction d'un public un peu plus important que l'année d'avant. Ce qui laisse passer inaperçues les avancées dans ce domaine, et il faudrait peut-être attendre l'horizon 2015 pour apprécier les fruits d'une politique de développement touristique qui repose en grande partie sur l'effort public. Le déficit en matière d'infrastructures hôtelières qui soient aux normes exigées était tellement important que c'est sur le long terme que peuvent être réellement appréciées les avancées. Mais la politique de développement touristique ne se situe pas uniquement sur le plan infrastructurel, elle s'étend également à une politique de formation aux métiers du tourisme, des plus simples, jusqu'aux plus pointus, qui consistent dans la préparation d'une élite et de compétences avérées dans la conception de produits touristiques de plus en plus affinés, spécifiquement conçus pour la destination Algérie, adaptés également à la catégorie et à l'origine de la population de touristes ciblés, mais aussi aux originalités locales reconnues à chaque zone touristique en Algérie. Des compétences également aguerries aux techniques de communication touristique qui sachent vendre, en bon ambassadeurs du futur tourisme algérien, la destination Algérie à des populations occidentales et autres, acquises à des normes touristiques internationales, et fortes, le plus souvent, d'une approche qualité/prix qui demeure déterminante dans la région. AU DEBUT ETAIT LA CULTURE Le chapitre le plus complexe dans le cahier des charges de la politique touristique est bien entendu celui relatif à la culture. Il s'agit, si on ne le devine déjà, de culture du tourisme. Sans une politique qui puisse asseoir les bases d'une culture du tourisme au sein des populations algériennes sur la base du principe que ce secteur est un vecteur de création d'emplois et de prospérité, les infrastructures les plus sophistiquées et les plus somptueuses ne suffiraient pas à fonder un tourisme attractif pour l'Algérie. L'hospitalité et le bon accueil sont des valeurs algériennes qu'il faudra souvent valoriser, réhabiliter dans certains cas et imposer comme normes de base dans d'autres cas, car à considérer l'apport fondamental du tourisme au touriste, ces valeurs constituent le véritable enjeu qui doit construire un tourisme digne de l'Algérie. Il suffirait d'une génération de jeunes mobilisés autour des activités touristiques pour consolider les bases d'une culture du tourisme dans notre pays qui soit différenciatrice autant qu'elle devra être universelle, dans le sens où l'esprit qui doit guider la démarche de développement et de pratique touristiques est celui dont rend bien compte une expression en anglais, à savoir « Think global, act local ». Une manière de dire que la vision universelle est nécessaire, mais qu'elle doit absolument s'accommoder de la spécificité locale, et c'est là, et seulement là que la culture entre en ligne de compte. LE TOURISME EN ATTENTE DU CAPITAL PRIVE Les efforts fournis ces dernières années en matière de construction des infrastructures hôtelières ont été colossaux et inédits depuis l'indépendance du pays. Néanmoins, ces efforts demeurent limités, dans une très large part, au financement public. Ce qui donne à voir une cartographie touristique dominée par l'investissement public, dont la finalité est de rattraper le grand déficit enregistré en matière de distribution hôtelière, et nullement de construire une industrie touristique. En revanche, cette dernière est tributaire d'une dynamique sectorielle dont l'investissement privé serait le moteur et la locomotive, car l'Etat, s'il agit exceptionnellement comme un promoteur touristique, n'a pas vocation à accompagner, au-delà de ses pas inauguraux, un secteur qui a besoin d'acteurs de tous les horizons pour décoller et se développer. Mais pourquoi donc, pourrait-on s'interroger, le privé n'est-il pas en posture d'engouement vis-à-vis du tourisme ? La réponse tient au fait qu'en Algérie un autre secteur draine les capitaux pour des raisons de niveau de rentabilité et de délai de retour sur investissement. A titre d'exemple, l'import-import, comme on aime à l'appeler en Algérie, permet de réaliser des bénéfices immenses en un temps très court, sans autre investissement que le capital placé dans l'opération d'acquisition et de transport de la marchandise, alors qu'un placement dans le secteur hôtelier, notamment, implique des investissements de différents ordres, y compris dans une masse salariale importante, dans la formation, dans la gestion, avec un retour d'investissement moyen de dix ans. Quelles que soient les facilités qu'on accorderait au privé et les crédits que consentiraient les banques, l'investissement productif ne soutient pas la comparaison avec l'import-import en l'absence d'opérateurs passionnés par le développement de leur pays et motivés par la perspective de lancer et de viabiliser des investissements productifs. On ne construit pas une économie avec des importateurs. D'ABORD UN TOURISME NATIONAL Des milliers de touristes algériens aiment voyager à l'étranger pour aller à la découverte d'autres cultures, d'autres pays, mais le plus grand nombre a envie de se retrouver au bord de la plage pour faire profiter la famille de la fraîcheur du séjour balnéaire. A défaut de pouvoir le faire en Algérie, près de deux millions, voire plus, le font à l'étranger. Voilà déjà, pour le tourisme algérien, un enjeu économique de plusieurs milliards de dollars : garder en Algérie ceux qui ne partent à l'étranger que parce qu'ils ne trouvent pas dans leur pays un tourisme qui leur offre, dans un rapport qualité/prix équitable et accessible, de bonnes conditions d'accueil et de séjour là où ils voudraient aller dans ce vaste pays. C'est donc un tourisme national qu'il faut créer prioritairement, le seul qui pourra apporter au secteur les populations de touristes en nombre suffisamment important qu'il pourra se développer, des années durant, sans dépendre absolument du touriste étranger.