A Rio qui abrite la 3e édition de l'Alliance des civilisations, lancée en 2005 par l'ex-secrétaire général de l'Onu, la Turquie et l'Espagne, les certitudes se font de plus en plus pressantes : beaucoup d'opportunités ratées et des promesses creuses de changement du monde. Ni l'apocalypse du 11/9, ni les retombées désastreuses de la crise économique et financière n'ont eu raison de la nature hégémonique et profondément injuste de l'ordre unipolaire source d'instabilité et d'insécurité. Aux apôtres du « choc des civilisations », se recrutant dans les milieux libéraux conservateurs, les fondateurs de l'Alliance se veulent porteurs d'un projet de rassemblement fondé sur le dialogue et le refus du manichéisme ravageur. Par-delà les préjugés et le prêt à penser, préjudiciables à la convergence des cultures et des religions, l'institutionnalisation du débat est considéré en soi comme notable qui demande à être affermi par une consécration du rôle majeur des pays émergeants dans la nouvelle structure du monde. Mais le constat est là. Il est marqué par l'insuffisance des «institutions économiques, politiques et culturelles» qui empêchent toute influence dans le développement des crises. Pour le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), José Miguel Insulza, à la faveur du double attentat du 11 septembre, «on pensait qu'il y avait une opportunité (...). Malheureusement, rien ne s'est produit, c'est resté des paroles en l'air. La réponse a été plutôt contraire (...). Il y a eu une croissance des tensions partout». «Et il a fallu «une seconde crise, la crise économique» pour assister à une ouverture timide : le passage du G8 au G24», la naissance de nouveaux pôles de pouvoir comme le BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine)…L'édition brésilienne de l'Alliance des civilisations reste un choix révélateur de l'urgence du changement démocratique dans la gouvernance mondiale plus adaptée aux nouvelles réalités et une représentation équilibrée des acteurs internationaux dans les institutions politiques et économiques. La présence américaine à Rio : un signe prémonitoire ?