Michel Sleiman, le président de la République, qui assiste impuissant à l'installation d'un désordre au Liban, porteur de tous les dangers, souhaite lancer un dialogue national « honnête et clair ». « Dans la seconde semaine de juin, c'est-à-dire juste après une tournée dans les pays arabes qui se posent des questions sur la sécurité au Liban », indiquent ses conseillers. L'opposition qui annonce une initiative en cinq points pour « faire face à la conspiration » contre le Liban, pose ses conditions : le départ du gouvernement de Nagib Mikati, et la formation d'un cabinet de salut « neutre » pour accompagner le président dans le dialogue sur les armes et la supervision des élections législatives transparentes. Fouad Siniora, le chef du bloc du Futur, accuse l'actuel exécutif de « complicité » avec le régime syrien. Il cherche à exporter sa crise au Liban pour « y déclencher, dit-il, une guerre civile dans laquelle il trouverait une matière de chantage sur les Arabes et le monde ». Amine Gemayel, l'ancien président, et Samir Geagea, le chef des Forces libanaises, soupçonnent eux aussi Damas de chercher à rééditer à déclencher une guerre au Liban comme au milieu des années soixante-dix. « Nous ne voulons pas que notre pays reste un théâtre de conflits entre les puissances régionales », concluent-ils après avoir pris soin de préciser que « le recours aux armes, quelles que soient les justifications, ne mène qu'au chaos » et aussi leur volonté de ne pas rester les bras croisés face au complot visant le Liban. Michel Sleiman rejette tout lien entre la reprise du dialogue et le changement du gouvernement. « Les composantes du dialogue ne sont pas celles du gouvernement. Et si d'aucuns ont une réserve au sujet du gouvernement, ils auront une compensation à la table de dialogue », dit-il. « Avant qu'ils n'appellent à la mise en place d'un cabinet neutre, qu'ils participent d'abord au dialogue », déclare le président du Parlement Nabih Berry. Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, qui dit vouloir « empêcher le désordre » de s'installer dans le pays du Cèdre, annonce qu'il répondra présent à ce dialogue « sans conditions ». « Ceux qui revendiquent la démission du gouvernement ne veulent pas du dialogue, ils veulent le pouvoir », dit-il appelant tous les partis, « que ce soit ceux du 8 Mars ou du 14 Mars » à « établir une nouvelle stratégie de défense qui leur permettra d'utiliser leurs armes contre l'ennemi » et à « protéger » leur pays car « sa stabilité est notre priorité ».